Une licence qui court après sa jeunesse

Ce quatrième épisode d'une saga qui n'aurait peut-être jamais dû en être une - le premier épisode se suffisant à lui-même - était annoncé comme un retour aux sources. Il apparaît effectivement comme une tentative désespérée et maladroite de retrouver la magie à l'oeuvre dans "La malédiction du Black Pearl".

Gore Verbinski ayant cédé les commandes du bateau à Rob Marshall, il n'était pas illégitime d'espérer un nouveau souffle, mais les impératifs commerciaux ont eu vite fait de rayer la patte de l'auteur sur ce type de saga, rien de nouveau sous les tropiques. Faisant finalement un déni presque total des deux épisodes précédents, "La Fontaine de Jouvence" reprend de manière extrêmement transparente la structure narrative de l'épisode fondateur. Pourtant, la sauce ne prend jamais.

Entre des relances d'intrigue qui tombent à l'eau et une fuite incessante vers l'avant des protagonistes qui tentent, en vain, de camoufler le manque cruel de qualité de scénario, le spectateur est maintenu non pas par un suspens mais par l'espoir de voir enfin quelque chose se passer. Et puis le générique de fin arrive, et cette attente est insatisfaite tandis que l'appel d'une suite n'est même pas déguisé. Une suite dont on peut d'ores et déjà avoir peur.

Que peut-on sauver pendant que le navire coule - encore une fois - sous nos yeux? La musique, désormais érigée en classique, qui a tôt fait de détourner les esprits d'un manque flagrant d'inspiration dans la mise en scène. La composition de Depp continue de produire son effet, et pourtant il semble essoufflé, enfermé dans des clichés sans réelle tentative de redonner de l'élan à une machine certes bien lancée mais qui ne surprend plus. Les nouveaux personnages ne sont pas sans intérêt et le duo Depp-Cruz fonctionne bien, mais la dynamique semble moins forte qu'avec Keira Knightley - pourtant insipide - qui avait un personnage plus riche, fouillé.

On ne s'ennuie pas vraiment pendant ce "boat movie", mais malheureusement on ne s'amuse pas non plus et le constat est sans appel: il s'agît bien, comme prévu, d'un film inutile.