Quand on en arrive au 4e épisode de la trilogie, il y a pas un problème quelque part ?

Alors qu’il cherche à échapper à la garde du roi d’Angleterre (Richard Griffiths) qui le poursuit, lors d’une escale à Londres, Jack Sparrow (Johnny Depp) est attiré dans les filets de la belle Angelica (Penélope Cruz), qui le fait prisonnier sur le bateau de Barbe-Noire (Ian McShane). Ils comptent sur l’aide de Jack pour trouver la mythique fontaine de jouvence. Mais il faut faire vite : le capitaine Barbossa (Geoffrey Rush), à la solde des Anglais, ainsi que les Espagnols, sont eux aussi en quête de la fontaine…


Alors que Gore Verbinski avait réussi un incroyable sans-faute avec sa géniale trilogie Pirates des Caraïbes, il fallut que des producteurs attirés, comme tout bon producteur, par l’appât du gain, décident de continuer la saga, avec ou sans le capitaine Verbinski. Le problème, c’est que pour remplacer le réalisateur originel, celui-là même qui avait insufflé à la saga toute son âme, il aurait fallu trouver un réalisateur tout aussi à l’aise dans le registre de l’aventure. Et ce n’est pas Rob Marshall qui répond à ce critère…
Réalisateur de comédies musicales avant tout, on sent que Marshall est à l’aise dans le romantisme gnangnan, mais il semble beaucoup moins maîtriser le côté ample et épique des volets précédents. Si la demi-heure introductive à Londres est tout-à-fait convaincante, apportant quelque chose de nouveau et toujours hilarant à la saga, Marshall ne nous replonge jamais dans l’ambiance que l’on recherche, celle de Port-Royal, de Tortuga, ou bien de la Baie des Naufragés. Car c’est précisément ce qui manque dans ce volet : des repères pour le spectateur. On est donc condamné à suivre un méchant qui ne semble avoir pour vocation que de faire regretter Davy Jones, Ian McShane tentant de lui donner corps sans aucun succès, et dont l’équipage est composé de pirates « zombifiés » d’une atterrante inutilité, mais aussi à s’intéresser à la pourtant très inintéressante histoire d’amour entre un ecclésiastique défroqué et une sirène fadasse. Mais le pire réside sans doute dans l’écologisme musical de Hans Zimmer, qui se lance dans une opération recyclage de grande envergure, ressassant à la pelle tous ses anciens thèmes sans jamais en ajouter de nouveaux qui soient mémorables, et attendant l’affrontement final pour se décider à nous proposer une partition qui s’éloigne enfin un minimum des sentiers battus.


Pourtant, malgré tous les efforts de Marshall et de son équipe pour effacer la patte de Verbinski de la saga enfantée par ce dernier, ils n’arrivent pas à en éradiquer complètement l’esprit. Ainsi, c’est toujours avec un plaisir non dissimulé que l’on retrouve un Johnny Depp toujours en verve (malgré des dialogues moins prodigieux qu'avant, mais on part de très haut), et quoiqu’il soit cette fois contraint de porter le film sur ses épaules en compagnie d’un Barbossa qui a perdu toute sa saveur en s’enrôlant sous le drapeau britannique, et sans l’aide d’un Orlando Bloom ou d’une Keira Knightley, il continue à entretenir l’étincelle inimitable qui en fait un des héros les plus attachants du cinéma.
De même, malgré toutes ses impasses (la première étant sur les méchants Espagnols, auxquels on ne s’intéresse jamais véritablement), le scénario comporte suffisamment de bonnes idées pour ne pas nous ennuyer plus que de raison (la scène des sirènes, le navire de Barbossa, l’opposition de trois camps ennemis), et quoiqu’il les exploite souvent mal, il a au moins le mérite de ne pas les étouffer, illustrant à plusieurs reprises ce qu’il aurait pu être entre les mains d’un réalisateur moins timide.
Et finalement, malgré tous les défauts que l’on a pointé du doigt pendant notre vision, on sort de ce film en se disant qu’à défaut d’avoir vu un bon Pirates des Caraïbes (ce qu’indéniablement, ce volet n’est pas), on a vu un divertissement qui a su assurer sa tâche de manière plutôt honorable. Finalement, peut-être qu’il ne faut pas aller chercher plus loin.

Tonto
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le 23 mai 2017

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