Pituitary Hunter est l’essence même de ces films qu’on pourrait qualifier de « bizarrerie ». Rarement crédible, cette petite production tente de tabler sur le cœur d’une intrigue pseudo-originale. Une intrigue standard qui reste indubitablement linéaire et sans surprise, tant on voit venir les choses de loin. Le cœur du film, lui tente alors d’offrir quelque chose de nouveau et ainsi de surprendre le spectateur. Il est amusement de voir qu’à défaut d’avoir une forme différente comme le traitement de fond, on s’amuse à mettre en image les idées les plus folles pour jouer la carte de la surprise (et parfois de la surenchère). Passé cet aspect-là, Pituitary Hunter n’en reste pas moins médiocre, bien qu’il y ait un certain intérêt à suivre les péripéties au rythme bancal des personnages. On pense alors à toutes ces productions mettant en scène désaxés, évènements improbables et j’en passe. Des histoires qui pourraient être issues de cerveaux malades et qui sont le plus souvent les pourvoyeurs d’un cinéma bis décomplexé, fréquemment nanardesque et à la qualité de naveton. Ici, l’hypophyse est donc au centre de tous les intérêts. Le méchant de service, dont on découvrira le visage tardivement se l’accapare sans ménagement. La police est aux abois et tentent de l’alpaguer par tous les moyens, même lorsqu’elle soupçonne un pauvre bougre atteint de troubles mentaux, et qui aime croquer à pleine dents des animaux vivants ! La glande pituitaire est donc utilisée à des fins que je tairais ici pour ne pas révéler l’intrigue, si ce n’est le fait qu’elle puisse aider la génétique par un sérum révolutionnaire. J’en ai trop écrit.


Mais Pituitary Hunter n’est pas que ça ! Au-delà des chasseurs d’hypophyse, de son côté faussement trash et d’artefacts de films d’exploitations, vous trouverez des personnes de petites tailles. Je vous laisse imaginer ce qu’elles subissent durant ce métrage. Il y a de quoi grincer des dents surtout lorsqu’on les montre sous un jour peu glorieux. Ce film de Chan Ta aurait pu être un pamphlet contre la bêtise humaine face au droit à la différence (par extension au nanisme), mais son discours est bien avare. Je ne parlerais tout de même pas ici de complaisance, mais on assiste avant tout à un film d’exploit’ livrant en pâture beaucoup de mauvais goût. Et de ce fait, même ce mal être dépeint au détour d’une scène semble avant tout prétexte à nous justifier facilement les évènements (voir la scène de l’auto-mutilation). Dès lors, il se dégage de cette production un état d’esprit malade. Pituitary Hunter propose une vision détraquée de la société hongkongaise qui semble elle-même gangrénée de démence. On a parlé de ce bonhomme croquant des animaux vivants. On pourrait citer cette infirmière « s’amusant » avec des cadavres. De cette population s’amusant à son tour de personnes de petites tailles, voir la scène de cabaret avec les bodybuildeurs. Une société malade donc que les assassinats violents reflètent. Sans ça, on passera sous silence sa mise en scène qui manque de corps comme ses prestations qui sonnent le plus souvent creux. On taira cette musique, de temps en temps mal employée tout en s’amusant d’entendre le thème de Borsalino (1970) signé par Claude Bolling. Restera tout de même l’ambiance qui s’en dégage et apportant de petites louches de frayeurs ici et là, mais qui n’échappe pas, de temps à autre à un ridicule désamorçant certaines situations.


Pituitary Hunter est un thriller d’épouvante de petite facture qui offre des moments macabres. Un film qui a peu de qualité mais qui s’inscrit inévitablement comme un plaisir coupable. Il se montre parfois abject et stupide mais se révèle comme un spectacle d’une autre époque, où le mauvais goût n’avait pas peur de s’afficher pour le meilleur comme pour le pire.


(voir peloche et + : https://hongkongmovievideoclub.wordpress.com/2013/05/03/pituitary-hunter-1982-chan-ta-avis-review/)

IllitchD
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le 17 mai 2013

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