Nanard idiot et sympathique.
La Terre compte 12 milliards d'habitants et la vie animale s'y éteint. On a envoyé des algues et des bombes nucléaires sur la calotte polaire de Mars pour qu'elle se terraforme, mais l'O2 est en baisse. L'Humanité envoie donc une équipe de scientifiques sous la direction de la capitaine Bowman (Carrie-Anne Moss). Une tempête solaire oblige Bowman à rester seule en orbite, tandis que les hommes se retrouvent sur Mars, où l'atmosphère, contre toute logique, est respirable. Mais le robot-sonde militaire censé aider le groupe devient fou et se met à les traquer, et les bases prévues pour accueillir nos colons ne sont plus que des ruines dévastées par une force inconnue. Le groupe de survivants se rétrécit, parvient à établir un contact radio en désossant le cadavre d'Opportunity, découvre des insectes explosifs à l'origine de toutes ces bizarreries. Seul Gallagher (Val Kilmer) parvient à revenir en orbite (après avoir fait un doigt et hurler "Fick this planet"). Notre coupe repart vers la Terre.
Quand on fait de la hard science, il vaut mieux ne pas se louper. Or malgré toute la littérature consacrée à Mars, "Planète rouge" réussit à enchaîner les incohérences et les bêtises du filmècatastrophe à popcorn à la "Armaggedon". Voici une liste rapide de ses tares les plus rhédibitoires :
- Pourquoi le commandant d'une mission impliquant le sort de l'Humanité jouerait-elle à se montrer à poil en sortant de la douche, juste pour tester ses charmes sur un yankee un peu couillon ? Idem, où a-t-elle été formée pour laisser passer leur labo clandestin pour raffiner de la bibine ?
- L'éruption solaire est un classique du voyage vers Mars. Mais d'où pourrait-elle déclencher une telle série d'incendies dans un vaisseau ?
- Survivre à la nuit sibérienne de Mars en faisant cramer une installation et en s'emmaillotant dans des couvertures de survie (sans même remettre son casque ? Sérieusement ?
- Tenir 48 h sans manger et sans boire dans une atmosphère raréfiée ?
- Pourquoi Bowman ne dit-elle qu'à Gallagher que dans le pod de secours, il n'y a que deux places alors qu'ils sont trois ?
- Une tempête de neige sur Mars ? Dans ce cas, il y aurait déjà un vrai cycle de l'eau...
- Comment le biologiste a-t-il réussi à recharger en air sa bonbonne ?
- Oscar du robot le plus ridicule avec AMEE, le robot-panthère portant une sonde-hélicoptère sur son dos (sur une planète à l'atmosphère aussi peu dense ?). Notamment des scènes de combat de style kung-fu ni faites ni à faire.
Hé bien malgré tout cela, j'ai quand même bien aimé "Planète rouge". D'abord parce que, même si les dialogues sont souvent assez plats, ils abordent aussi parfois de vrais sujets, comme l'environnement, la surpopulation, la foi : c'est rare de laisser du temps aux personnages pour parler ainsi.
Ensuite parce que malgré toutes ces horreurs, les paysages martiens dégagent une vraie poésie, peut-être même plus que dans le récent "Last days on Mars". Peut-être aussi parce qu'on voit ces fameux canyons martiens à la Valles Marineris, un élément souvent peu exploité au cinéma. Et je ne me lasse pas de ces filtres orangés, de ces grands espaces vierges. Et puis le côté "naufragés" est plutôt sympa. J'aime aussi un des plans finaux où Bowman et Gallagher se tiennent tendrement en apesanteur.
Et puis "Planète rouge", mis à part AMEE, est soigné au niveau du décorum. La mode actuelle, c'est des vaisseaux froids et fonctionnels. Ici, le vaisseau orbital a des panneaux coulissants tactiles, des diodes jaunes/vertes/rouges, les astronautes ont des sortes de rouleaux transparents qui affichent des trucs. C'est créatif et plutôt pas mal, ça change un peu.
"Planète rouge" est bête mais fort sympathique. Je recommande.