Il y a quelque chose de tragique dans ce film qui choisit de se faire le témoin d'une génération en n'en retenant que les représentants les plus crétins, comme si le personnage de Chabert (Vincent Elbaz dans "Le Péril jeune", auquel Boublil fait penser) était l'unique héros de la génération post-68.


C'est vraiment ça, la vie ? Pour tout le monde ? Boire, vomir, faire des blagues (je te pousse à l'eau, tu me mets ton cornet de glace dans le nez), être gentil avec sa maman, ne pas être foutu de tenir à la fac, rêvasser à des métiers artistiques (comédien, photographe) ?


Le pire, c'est que ça marche, et qu'on finit par les reconnaître, nos vies, mais retranchées de tout ce qui fait de nous des êtres dignes : les voilà, nos provocs de jeunesse vides de toute subversion politique (voler un pédalo, envoyer un pote chez Mc Do avec un zob dessiné sur le front), nos façons de nous enticher de petites idiotes, nos climax existentiels qui consiste à regarder danser une jolie fille sur une jolie musique (Alice Isaaz sur Demon ou Gnarls Barkley, au choix, les deux plus beaux moments du film). Est-ce que dans nos vies il n'y a vraiment jamais eu de conversations intéressantes, jamais, avec nos amoureuses, avec nos pères, avec nos potes ? Est-ce qu'on n'a jamais envisagé de se filmer autrement que dans un trip narcissique qui nous mettrait au-dessus de la mêlée ? Pourquoi est-ce que les cancres et les idiots vampirisent-ils toutes les représentations ?


Voilà donc une ode à une génération de gros abrutis attachants et dociles. Voilà un poème au niveau de ces petits consommateurs qui se sont laissés manipuler par Agfa puis par Sony puis par Apple, achetant docilement tous les objets qu'on leur disait d'acheter, uniquement capables en bout de course de refiler le virus aux enfants en leur laissant le smartphone dans les mains à 3 ans pour filmer le berceau de la petite. On regarde mi-amusé mi-déprimé ce grand voyage de la vie dont les étapes sont les fétiches qui clignotent à l'écran au fil des plans, de l'affiche 3615 Ulla à la montre Swatch géante accrochée au mur de la chambre. Et on se pose des questions qui n'ont pas beaucoup d'intérêt : pourquoi le réalisateur des "Gamins" est-il obsédé par les enfantillages ? Le gag du bon copain qui se marie avec une vieille est-il emprunté à "Nous irons tous au Paradis" ? Pourquoi dans cette bande de potes qui sont censés avoir le même âge, on choisit un Malik Zidi qui a 17 ans de plus qu'Alice Isaaz ? Est-ce que j'aime ce film ?

Buddy_X
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le 10 avr. 2020

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