Des loubards, des néons mais surtout du malaise

Le West Side Story revisité par Kenneth Anger qui nous est promis sur l'affiche et la mise en avant assez prolongée de ce film par Mubi ont fini par me faire me laisser tenter par Please Baby Please, et ce malgré sa moyenne tout à fait rachitique ici même.

Le film commence plutôt bien, on sent un certain soin apporté à la mise en scène et l'univers assez décalé dans lequel l'action prend place est tout à fait prometteur, hélas l'inquiétude commence à poindre assez rapidement : les dialogues s'avèrent très vite vides de sens et les acteurs sont en surjeu constant, ce qui donne principalement l'impression d'être à un très mauvais after.

L'ambiance des années 50 dans un monde parallèle et sans gène est tout à fait interessante et il est indéniable que le monde créé dans Please Baby Please a une identité graphique et comportementale pourtant le tout semble tellement factice et forcé qu'il est bien difficile de rentrer dans l'histoire et cela n'a pas provoqué chez moi une fascination intense, mais plutôt un sentiment de gène assez violent. Film queer assumé et revendiqué, Please Baby Please contient tout de même quelques petites gourmandises visuelles et scénaristiques (notamment la scène de la confession des loubards, l'escapade au cinéma underground ou la scène finale en surimpression et split-screen), celles-ci sont, hélas, bien trop courtes et laissent un sentiment d'inachevé alors qu'elles enchainent trop rapidement avec d'autres scènes plates aux dialogues toujours aussi médiocres. Ces quelques bons moments et une certaine cohérence artistique m'empêchent de le qualifier d'inintéressant, mais ne suffisent cependant pas à combler l'impression de vacuité globale que laisse ce film. Amanda Kramer nous concoctant là un thriller érotique plus proche des bad-trips pseudo érotico-intellectuels d'Arielle Dombasle que d'Eyes Wide Shut, je n'irais donc pas jusqu'à dire que je recommande l'expérience.

Foire au néon vide de sens ou variation queer géniale du film de gang ? Please Baby Please laisse l'impression mitigée d'un ensemble tout à fait maladroit malgré un postulat de base plutôt cool et de bonnes idées, la faute revenant principalement à son refus d'aller au bout de son concept, le rendant trop sage ce qui n'est absolument pas en accord avec ses prétentions, mais aussi a son aspect factice : sa théâtralité abusive dopée par un surjeu (qui par moment ferait pâlir Nicolas Cage lui-même) s'avérant vite agaçante et par moment tout bonnement ridicule.

Si vous voulez voir un film de gang qui casse vraiment les codes regardez Rusty James ou Tokyo Tribe, si vous voulez voir du bon cinéma queer regardez du Kenneth Anger, du Gregg Araki ou du Fassbinder, mais quoi qu'il arrive vous pouvez vous dispenser de Please Baby Please.