À l'époque où ce film est sorti, il n'y avait pas encore énormément de films consacrés au sport. Sur la prison, si. Mais pas le sport. Et cela a un sérieux avantage : on ne tombe pas dans les tics du genre ; en revanche, on sent bien que la structure servira de référence pour tout ce qui viendra par après. L'avantage d'être parmis les premiers, c'est que Aldrich est plutôt libre dans sa narration ; ainsi, il n'y a qu'un seul match après un lourd entraînement (de quoi rappeler les films de guerre), un match dans lequel on entre plutôt bien, avec tout le côté stratégique développé. Il ne s'agit pas seulement de voir le héros courir, tomber, se relever, marquer et gagner en 10 minutes, non, 40 minutes sont consacrées au match. Ce n'est pas tout : le scénariste se permet aussi de mettre en avant ses personnages, de renforcer l'aspect dramatique de la situation. On se souvient tous de la mort tragique du coach dans "Dodge Ball", mais ici la disparition d'un des membres de l'équipe est ô combien plus tragiquement tournée. Ça n'empêche pas une bonne dose d'humour, notamment grâce à au sourire taquin et imberbe d'un Reynolds encore beau gosse.
Car oui, le casting est assez formidable. Toutes des belles gueules cassées pour composer cette équipe de taulard mais aussi de matons. Et puis un découpage assez efficace lors du match : Aldrich privilégie avec sagesse les plans larges, histoire de bien voir la violence des affrontements. Des plans rapprochés et un découpage plus rythmé permet peut-être d'entrer, mais au final, rien de tel qu'une distanciation pour bien comprendre de quoi il retourne. C'est pareil que pour les films d'arts martiaux : un gros plan de coup de pied impressionne, c'est vrai, mais ça ne sera jamais aussi fort que voir le combattant enchaîner ses coups en un seul plan séquence, et ça, même Godard sait pourquoi : parce que qui dit montage, dit trucage et cinéma, alors qu'un plan séquence, ça paraît moins chiqué. Mais je m'égare...
Hors match, le montage est assez sympa aussi : une course poursuite un peu bordélique mais bien menée, des dialogues bien filmés, et puis ce jeu de split screen bien sympathique.
Bref, j'en ai pris plein la gueule avec ce Aldrich qui nous fait un film de guerre sur un terrain de foot. C'est sale, c'est dur, mais c'est drôle et c'est beau en même temps. Seul regret : que Aldrich n'ait pas pensé à expliquer les règles au spectateur, parce que pour moi qui n'y connaît rien, j'ai vraiment eu du mal à comprendre pourquoi les taulards ont gagné 6 points d'un coup avec la dernière remise en jeu.
PS : je suis vraiment curieux de découvrir le remake avec Sandler ; en tous cas, en découvrant ce film, j'ai trouvé qu'il y avait pas mal de thématiques digne d'un Sandler, et même certains gags pourraient être repris tels quels.