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Il y a de quoi rester un peu sur sa faim lorsque l’arnaque finale se dévoile enfin. Plusieurs raisons à cela, la caractérisation très froide du protagoniste d’une part et un rythme en trois temps un peu instable d’autre part. Quel choix particulier en effet de faire monter la lumière au zénith après trois quart d’heure de film pour la laisser décroître ensuite sans jamais lui redonner de puissance, si ce n’est un final plus malin qu’il n’y parait, qui remet en perspective tout ce qui vient de se passer.


Le moment fort de plein soleil, c’est son meurtre en plein cagnard bercé par une houle furieuse, l’aboutissement d’une première partie agitée qui permet à René Clément de poser les trois personnages phares de son intrigue, qui se cantonneront finalement à jouer un triangle amoureux assez classique, si l’on excepte la participation de l’un d’entre eux à la partie de manière plus radicale.
Alain Delon, le pauvre aux aguets, bien décidé à ravir biens et maîtresse à celui qui lui donne des ordres, vole littéralement le film. Magnétique, d’un sang froid à toute épreuve, il est de chaque plan. Et c’est tant mieux … quand il n’y est pas, les vagues se font partiellement la malle. Marie Laforêt est irritante au possible et Billy Keans surjoue tant qu’il peut. Maurice Ronet tient bien la barre avec aisance, mais le pauvre passe par-dessus bord un peu vite, laissant Delon assurer seul le show.


Si le bougre s’en sort avec les honneurs, il compose cependant avec un personnage qui manque de susciter la sympathie, écrit avec trop de rigueur et de distance pour parvenir, dans un premier temps, à toucher le spectateur lorsque le sort scelle son destin. Mais c’est certainement ce que souhaitait construire René Clément, un personnage qui se révèle être d’une antipathie à toute épreuve. Celui qui est présenté au départ comme l’antithèse du riche fils à papa insupportable finit par le concurrencer sur le banc des salopards. Et ce qui avait semblé être de belles approximations d’écriture dans les agissements du manipulateur prend un tout autre sens dans les 5 dernières minutes : l’homme, sur de son coup, profite d’un moment de répit en plein soleil, alors que d’autres sont prêts à le cueillir.


Plein soleil est un film particulier, que l’on peut vite juger comme étant fébrile et approximatif alors qu’il est finalement particulièrement subtil. Ma première impression en fin de bobine fut d’être déçu par son côté manipulateur un peu cavalier. Mais j’y ai repensé, j’ai revu quelques scènes et il m’apparaît évident que ce qui peut faire penser à de belles ficelles scénaristiques au prime abord ne sont en fait que les pavés qui mènent Delon à sa dégringolade finale. Le seul artifice narratif qui me paraît peu nécessaire, c’est la petite surprise que réserve le bateau lorsqu’il est mis au sec. Un coup de marteau supplémentaire sur l’enclume de la culpabilité qui aurait pu être évité. Pour le reste, plein soleil est un film qui se déguste avec enthousiasme, encore faut-il prendre le temps de l’apprécier à sa juste valeur tant l’impression qu’il inspire au premier regard est loin d’être flatteuse.

oso
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le 9 nov. 2015

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oso

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