Je suis tombé par hasard sur ce film.
J'ai eu un choc, car je ne le connaissais pas, mais voilà pourquoi...
Il y a cinquante ans, j'étais alors en 4eme, au Havre, et j'avais une professeur de Français comme on en fait plus, j'imagine.
C'était une vieille fille totalement investie, non pas dans son métier, mais dans sa mission. Elle fut ma professeur de Français et Latin de la 6eme à la 3eme...
Elle avait pris le parti pris de l'intelligence, de l'intelligence de ses élèves, tout idiots boutonneux que nous étions. 'Pleure O Pays Bien Aimé' fut l'un des livres que nous avons étudié... en 4eme !
Quelle ambition ! Quelle erreur ? J'avoue que je suis passé bien à côté du livre que je surnommais POPBA...
Je suis passé à côté du fond, oui mais voilà, cinquante ans après je me souvenais du style, de l'ambiance du roman , il y avait donc quelque chose de génial dans son choix, pourtant risqué.
Je vous ai vu pleurer en classe après avoir été désavouée par la direction de l'établissement qui ne comprenais pas le magnifique combat que vous meniez. Je vous dois en partie mon amour des mots.
Respect; Mademoiselle Billard.
Quand au film, il en dégage une ambiance formidable, une tension admirable dans les dialogues (écrits par l'auteur du roman Alan Paton). Le sujet, que je comprends maintenant mieux après mes nombreux voyages en Afrique du Sud du temps de l'apartheid, est fort, pertinent, mais ne se vautre pas dans la facilité.
Stephen Kumalo, interprété par Canada Lee, porte dans son regard tout le désespoir qui s'apprête à se déverser sur ce magnifique pays. Il incarne aussi toute la noblesse d'un peuple, détruit, par la cupidité, l'égoïsme et la violence d'une minorité.
Sidney Poitier offre une position un peu plus moderne, avec un début de rébellion propre à son âge.
Je conseille vivement.