Commençant exactement là où s’achevait La danza de la realidad (2013), le nouveau film du franco-chilien Alejandro Jodorowsky poursuit la démarche autobiographique initiée il y a trois ans. Les amateurs et connaisseurs de l’œuvre de celui qui est aussi bien auteur de bandes dessinées qu’acteur, romancier ou encore mime reconnaitront sans peine des motifs récurrents : univers baroque, goût prononcé pour l’ésotérisme et la tarologie, appétence pour les arts en général, ceux du cirque et de la pantomime en particulier, présence des freaks et évocation de l’histoire contemporaine (régimes dictatoriaux et nazisme). Le tout foisonnant dans une inventivité de tous les instants, qui fait coexister des ambiances différentes et surréalistes. Hanté par la figure d’un père colérique et autoritaire, voyant d’un mauvais œil les desseins poétiques de son fils, figure adoucie par celle de la mère aimante, rêvant d’une carrière de chanteuse d’opéra – expliquant les interventions uniquement chantées de cette dernière -, le réalisateur revisite son existence et nous livre une formidable et réconfortante leçon de vie et d’espoir : vivre et rire malgré tout, les peines et les échecs, les désillusions et les séparations. Cette croyance indéfectible en la vie se transmet au spectateur au travers de la cascade d’images belles et délirantes dont le réalisateur nous abreuve avec une vitalité exceptionnelle. Hymne pictural et jouissif à la vie, c’est un film d’un véritable jeune homme, tout à tour drôle et tordant, poignant et universel. On a rarement vu testament plus joyeux et foutraque, porteur d’une espérance qu’on espère communicative.

PatrickBraganti
8
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le 5 oct. 2016

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