Ce film de Lee Chang-Dong, sorti en août 2010, était en compétition au festival de Cannes 2010 et Lee Chang-Dong a obtenu le prix du scénario. Il raconte un tournant de la vie de Mija, une dame de 65 ans qui élève seule son petit-fils qui est en 4ème, sa fille habitant loin. Mija est un peu excentrique, toujours habillée de façon élégante, avec un chapeau blanc, bien qu'elle soit d'un milieu modeste ; elle gagne sa vie en étant aide-ménagère chez un vieux monsieur handicapé. Elle décide un jour d'apprendre à écrire de la poésie alors qu'on lui confirme qu'elle a les premiers signes d'une maladie d'Alzheimer. Les choses commencent à prendre un tour tragique lorsqu'une jeune fille du collège de son petit-fils se suicide en se jetant du pont du fleuve Han. C'est un film extraordinaire, où contrastent à la fois la modestie et la saleté de l'environnement (le réalisateur ne cherche jamais les belles images ; dans le bus, le paysage défile à travers des vitres sales) et la beauté de Mija, qui est toujours impeccable et lumineuse. L'autre contraste, très marqué, est la pureté d'esprit du personnage principal (et de la plupart des femmes du film) par rapport à la bassesse et au machisme de la plupart des hommes (l'adolescent mériterait un prix spécial "tête à claques"...). L'actrice principale, Yoon Jung-hee, est excellente. Elle ne quitte pratiquement pas l'écran et on la suit avec étonnement, fascination et empathie pendant 2h19. L'autre personnage principal du film est la poésie, et Lee Chang-Dong nous permet de saisir un peu de l'insaisissable.