Je propose quelques fragments de piste pour ce film.
L'effacement du nom ou comment produire de l'oubli ?
L'héroïne est atteinte de la maladie d'Alzheimer et elle est incapable d'énoncer l'accusation de viol à l'adolescent , son petit fils, dont elle a la garde.
Les autres parents aussi s'arrangent pour que le viol collectif n'entre pas sous cette dénomination pour une raison de réputation, de casier judiciaire. Il y a la une sorte d'amnésie volontaire.
On essaye d'étouffer l'affaire, les parents sont prêts à acheter le silence, l'oubli. Mais , l'héroïne n'oubliera pas .
Une dynamique de mise en attente ou comment l'attente produit le tempo du film ?
Le noir précède la première image, on pense au bruit d'une averse, il s'avère que c'est la rumeur du fleuve.
Une automobile banale entre par le bord du cadre et longe une partie de badminton ; il s'avère que c'est la voiture de la police.
Cette mise en attente s'oppose à l'inertie de l'ado .
La présence de l'eau ou comment les métamorphoses de l'eau servent le fil du récit ?
Le fleuve pour la mort, la douche pour la purification morale, le bain pour une sexualité marchande, la pluie pour l'acceptation de la réalité . Les gouttes d'eau tombent pour s'écraser sur la page du poème et effacer les mots. Le film s'ouvre et se clôt sur une image du fleuve. L'eau qui coule est une métaphore de la vie qui s'écoule.
La poétique et le prosaïque ou comment garder l'équilibre entre ses deux pôles ?
Le commissaire poète reste un policier, la pomme sera mangée, la fleur rouge est une fleur artificielle.
En guise de ...
L'idée de l'héroïne qui cherche à écrire un poème alors qu'elle perd la mémoire, me paraît une idée cinématographiquement difficile à rendre. Mais ici, c'est, à mon avis très réussi.
Un grand cinéaste qui sait éclairer la complexité et l'universalité d'une question avec une simplicité d'une mise en scène.
Est-ce un cinéma en voie de disparition ? C'est un cinéma à défendre.
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