Un sous-sol. Une table basse, des curlys, un mégot de pétard, une manette de PS3, un briquet et un téléphone.
Salut. On s’est parlé au téléphone, je suis Bryan Feneck. Je fais du consulting pour un projet de remake de Point Break. Le boss m’a dit que son fils avait des potes surfeurs, alors…
- J’avoue.
- Bon je te laisse parler, j’enregistre.
- De toute façon Point Break c’était déjà une bête de film, alors il suffit de le mettre dans les mains des bonnes personnes, de surfer sur la vibe de l’époque tu vois, et on passe en mode hype of the moment. Les mecs, moi je vous dis, j’ai compris. Mais trop tout.
- Euh… il y a que moi, là.
- Voilà. Typique. Vision étriquée. Laisse, j’t’explique. Bien sur que c’est de la bombe de beurrer les crêtes avec la gomme des pneus, de sauter sur des rochers comme dans Taxi pluggé en GoPro pour buzzer sur Ytube, je vais pas te mentir mon frère. Mais, comment te dire, la vérité elle est ailleurs en fait. J’avoue, je kiffe les meufs sur le yacht à côté des tsunamis numériques, et la zik en mode DJ de la teuf de gueudin, les fight clubs devant les carcasses de caisse en flammes, t’as vu chuis honnête, et la nana, l’athlète ultime si tu lui fous en plus des loches de compet, j’reconnais c’est parfait comme aç. Tu vois les mecs, ils en ont. Au jour d’aujourd’hui, on fait pas avec le dos de la louche, si tu me passe l’extension : t’as pas trois types d’extreme polyathlete : t’as celui qui y va, et t’as celui qui dive, tu vois, qui dit You got it, ou Let’s do this, ou encore mieux, We have to do this. Prends des Curlys, gros. Ils sont mous mais il reste du goût.
- Merci…gros, mais je fais un régime sans gluten.
- Et je respecte ça. Mais là où je veux en venir, parce que les quatre chemins ça va bien trois minutes, ce qui ferait qu’on tire notre révérence en mode roi totale éclipse de soleil, c’est dans la philosophie, mec. Y suffit pas de la jouer warrior Koh Lanta dans une pub pour Ushuaia. Faut un goal, man, et pour ça, faut des balls. Tu l’as bien compris, la jeunesse est peut-être plus dans la rue, mais elle clique, bitch, et elle a un cœur, elle veut suivre un path, find the line, I know you know what I mean. Et là, c’est Mother Earth qui crie famine, bro. Et les ecowarriors qui surgissent, qui font pleuvoir des biftons chez les black kids ou les diamants chez les lépreux. Qu’hésitent pas à ramasser une canette dans les Alpes et la mettre dans leur sac, avant de faire péter une colonne de camions remplis d’or. Pour les rendre à la Terre. Parce que faut pas se beurrer et mettre la morue avant les œufs, on s’est compris : y sera question de sacrifice. (en anglais, hein, je veux dire : sacrifaïce) : si tu veux plus être un slave, sois master de ta fear, c’est pourtant élémental. Ton bro y meurt, ta tchaï elle tombe au chant donner, mais tout est question de connexion, de respekt : on est des wanderer, en vrai. Alors on fait des bûchers avec nos morts, et sans allumettes, je te mens pas. Et la vague, man, la vague finale, c’est la fusion ultime avec la vibration, meilleur que la dope, meilleur que quand tu déloades ton gun vers le sky : là t’es vraiment le roi du monde, mort, peut-être, mais zyva, le kiff quand même tu peux pas trouver best.
- Putain. Merci man.
- Pas de soucis mec, à ton service. Et si tu veux mon avis…
- Ouais ?
- Ben genre trop tout, quoi. Vous allez cartonner de ouf.
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