Le principal défaut de Poissonsexe est sa conviction que la léthargie d’une humanité qui s’autodétruit en détruisant la planète doit s’incarner à l’écran par une léthargie rythmique et tonale. Tout mou, tout plat, le long métrage d’Olivier Babinet échoue à composer une forme apte à mêler la tragédie environnementale dont nous sommes les contemporains avec le drame intimiste d’un homme qui souhaite donner la vie et fonder une famille sans y parvenir, teinté d’un sens du décalage rappelant le cinéma de Quentin Dupieux – entre autres. L’image semble ici se suffire à elle-même, fascinée par son esthétique soignée dont l’artificialité, quoique liée au thème investi, rend caduques ses enjeux et stériles ses protagonistes. Nous ne nous attachons à personne, nous ne rions ni ne sommes embarqués par un absurde très facile qui cultive l’image insolite dans l’espoir de greffer à son ensemble rachitique un tant soit peu de folie. Devant nous se joue le triste spectacle d’une déchéance ponctuée çà et là de sursauts de vie, que filme complaisamment une caméra qui convertit, de manière systématique, presque machinale, ses situations en éléments de décor d’un vaste aquarium dans lequel restons à la surface.