Le parking est plein à craquer. Faut dire que Avengers est en salle depuis peu et puis un mercredi férié où il pleut, c’est banco pour les cinés. Mais non, c’est pas que le dernier Marvel, notre salle aussi est pleine à craquer. Nous nous faufilons entre les sièges suivi du regard par des pères désespérés, des mamans blasées et des moutards survoltés. Mais moi je suis content. Ca me rappelle la sortie des tortues ninjas quand j’avais 11 ans et je pense que ma progéniture est dans le même état que moi à l’époque. Va pas falloir trahir les promesses faites à tous ces chiards, sinon, ça va chier des Pokeballs.
Personnellement, j’ai jamais été un fan des Pokemons, j’ai jamais réellement joué aux jeux, j’ai collectionné des cartes, comme tout le monde, mais ça s’arrête là.
Déjà, premier constat dans cette salle cinémax dolby 7.0 de la mort qui tue, c’est que le plan marketing est rudement bien ficelé. QUE des pubs Pokemons. Pour des jouets, des jeux vidéos, des cartes, des dessins animés…
S’il existait un godmichet Taupiqueur, je suis sûr qu’il aurait eu droit à sa minute de gloire. Un truc de ouf’ ! Et je sens un frémissement dans la salle quand les lumières s’éteignent. Silence de plomb. C’est parti…
Et j’en ressors pas si déçu que ça. Je m’attendais à une bouse cataclysmique sans nom, style les schtroumpfs ou Gaston Lagaffe, mais non. C’est correct.
Soyons clair, ça vaut pas un Pixar, le scénario est bancal et ça s’adresse vraiment à des gosses. La seule chose qui va viser le double public dans la salle (les parents et leurs mioches), ce sont les Pokemons et uniquement eux. C’est que ces bestioles approchent les 25 ans mine de rien! Et malgré ce seul appui, un phénomène assez magique se produit à l’écran et dans la salle. Les Pokemons sont là, dans un design très soigné et s'intègrent parfaitement dans un univers créé pour eux. Et c’est là la première et ultime force du film : tout se tient. L’univers est cohérent, travaillé, je dirais même riche. Et le charmant murmure des enfants parcourt la salle à chaque Pokemon croisé. “C’est un Osselait! J’espère qu’il va évoluer en Ossatueur”, “Là, regarde le Ronflex qui dort”, “Ici, c’est le Salaméche qui fait chauffer la poêle”, “Il est trop mignon ce Pandespiègle”. Et rapidement, c’est les parents qui posent des questions, qui veulent savoir, d’autres fois, c’est les adultes qui expliquent les Pokemons premières générations. Ce brouhaha rieur est agréable. Une séance avec des enfants, c’est toujours un plaisir pour moi. C’est vivant, bordélique, heureux, ça rigole fort, ça a les larmes aux yeux, ça profite… La mère et sa fille à côté de nous parlent carrément à voix haute. Bon, je leur dis de fermer leurs gueules parce qu’il faut pas déconner quand même. On est pas dans le salon de mémé.
Et la scène avec M.Mime fait marrer tout le monde. Ma fille se bidonne sur son siège et en effet, c’est rigolo. Il est tellement con ce M.Mime! Et Pikachu a vraiment une bouille terrible.
C’est là qu’on réalise toute l’ampleur et le génie des créateurs des Pokemons. C’est hyper construit, varié, mignon.
C’est tout de même dommage qu’ils aient été si frileux sur ce scénario ultra prévisible. Je n’ai même pas compris les réelles intentions du méchant au final alors que quelques lignes de dialogue auraient pu régler ça. C’est aussi souvent bavard pour pas grand chose. Mais il y a un réel effort d’ambiance. D’abord pour l’univers comme je l’expliquai plus haut mais aussi à travers tout le début du film qui transpire le polar à l’ancienne avec des éclairages feutrés et un gros travail sur les ombres. On y voit les fameuses enseignes lumineuses qui clignotent, les ombres des stores, les visages dans le noir avec uniquement une bande claire sur les yeux... Certains plans sont simplement beaux et bien travaillés. A dire vrai, ça fait bien plaisir. Autre point positif, ce film n'amène pas forcément une suite et c’est cool. Il se suffit à lui-même. Ca veut pas dire qu’il n’y aura pas d’autres films Pokemons, mais ils peuvent (et ils ont intérêt à mon sens), bâtir quelque chose de totalement nouveau dans une autre ambiance.
Et puis bon, mon Pokemon préféré c’est Psykokwak, et vraiment, il crève l’écran (j’en veux un en vrai moi aussi).
Je ne sais pas trop comment conclure cette critique qui n’en est pas une, si ce n’est en vous disant que plutôt que de vous fader un Avenger fadasse (dixit mes potes, avec répétition volontaire), allez voir Pikachu au cinéma. C’est rafraîchissant. Allez-y un mercredi après-midi, avec vos gosses, ceux de la voisine ou kidnappez-en, mais c’est un moment très agréable.
A coup sûr, le deuxième visionnage à la maison me plaira beaucoup moins.