Une jaquette avec un tueur masqué et du poker et c’est direct l’intérêt qui est suscité chez l’avide aficionados de jeux sadiques. Malheureusement disons-le dès maintenant, le lien entre le poker et le tueur est inexistant. En réalité, la « poker night » est une soirée où se réunissent les vétérans du commissariat, et dans le cas présent racontent tour à tour une histoire dont ils se sont sortis en usant de leurs neurones, afin d’inculquer à la nouvelle recrue des bases qui lui seront indispensables, et lui faire comprendre à quel point il faut tout faire pour ne jamais abandonner et toujours réfléchir. En parallèle, le nouveau de la bande est kidnappé par un maniaque et le métrage est un montage flashback où il se remémore ce que lui ont appris ses pairs afin de sortir de cet enfer de torture, sans oublier la fille de son supérieur, elle-aussi prisonnière.
Globalement la partie tueur/prisonnier est très convenue, en revanche ce sont les histoires que racontent les coéquipiers qui apportent tout l’intérêt, faisant de Poker Night un produit qui serait presque un film à sketches. Une originalité c’est aussi la facétie apportée à ces restitutions, donnant la plupart du temps un air amusant, surtout lorsque le tueur raconte sa propre histoire, acidulée et montée façon Pushing Daisies. Et puis chose également appréciable, le casting est plaisant, avec ce bon vieux Ron Perlman (cependant pas en grande forme, loin de son rôle de méchant dans Skin Trade), de même que Giancarlo Esposito (l’inoubliable Gustavo Fring de Breaking Bad) ou encore Titus Welliver (Silas Adams dans la série Deadwood). Des choix bienheureux, venant combler le cruel manque de charisme du cadet (Beau Mirchoff, vu dans Numéro Quatre).
Points qui en revanche ne manqueront pas à faire sourciller les amateurs du genre, les twists sont répétitifs et peu inspirés, et hélas le gore est beaucoup trop timide, or quelques tripes auraient pu donner davantage de vie à ce premier essai cinématographique du réalisateur Greg Francis.
Poker Night déçoit, parce que le produit final n’a en définitive rien à voir avec que l’on imaginait. Néanmoins il sait tirer son épingle du jeu, et malgré sa trame extrêmement plate, réussit à rendre le tout divertissant grâce à quelques ajouts bien sentis. Il ne restera pas dans les mémoires mais aura le mérite de ne pas avoir donné la totale impression d’avoir gâcher son temps; c’est toujours ça.
Critique