Polia & Blastema
Polia & Blastema

Moyen-métrage de E. Elias Merhige (2021)

Troisième et dernier volet du Cycle Begotten - entamé avec le long métrage homonyme au tout début des années 1990 et poursuivi en 2006 avec le saisissant et somptueux court Din of Celestial Birds - Polia & Blastema est un objet expérimental visuellement somptueux, à la texture riche et obsédante à bien des égards ; sorte de plongée apnéique dans les origines du monde s'étalant jusqu'à la fin des temps ledit moyen métrage nous entraîne dans un voyage tour à tour cauchemardesque et sidéral, multipliant les formes pour mieux les recréer sous nos yeux écarquillés : flickers, voilages, surimpressions de toutes sortes... Polia & Blastema s'avère être un authentique trip par-delà l'éternité, échappant entièrement à une structure temporelle et spatiale préconçue.


En seulement 40 minutes de maelström pelliculaire Edmund Elias Merhige réinvente l'aube de l'Homme et ses magmas cosmiques, ses innombrables cratères caverneux, ses fluides séminaux en forme de voie lactée chatoyante et ses myriades de précipités telluriques, pyriques et immatériels... Créateur de lignes et de mouvements hors-paire ledit cinéaste boucle son Cycle en la forme d'un objet XP authentiquement synthétique, point d'orgue et apothéose d'une trilogie résolument unique, tour à tour fascinante, éprouvante et irrécupérable. Polia & Blastema demeure certainement le film le plus abouti de son auteur-réalisateur, convoquant les scintillements stroboscopiques du Cinéma malade et neuronal de Ken Jacobs et les contrastes turgescents et assourdissants des films de Thorsten Fleisch : naines blanches rayonnantes mêlées de volutes spectrales, corps émiettés de terres et de poussières, lave fluviale toute vêtue de Noir et de Blanc...


Ultime chef d'oeuvre de son auteur Polia & Blastema clôture logiquement mais indépendamment le Cycle Begotten, inauguré par un poème païen visuellement et auditivement épouvantable puis poursuivi par une vision cosmique des plus ensorcelantes. En chantant l'héroïsme plastique et artistique du Cinéma de E. Elias Merhige les spectateurs que nous sommes n'ont pas fini d'avoir foi en un Septième Art décidément intarissable dans ses vertus plurielles et définitivement haptiques. Un film extraordinaire, rien de moins.

stebbins
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le 18 sept. 2023

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