En voilà un polar qui file le sourire, témoin bruyant d’une époque peuplée de sales gosses qui portaient leurs ambitions à bout de bras en réalisant des bobines énergiques sans verser dans un quelconque compromis sécurisant. The Seven-ups, c’est avant tout une générosité sans limite en terme d’action, mais aussi un rythme haletant, une bande son entraînante, une mise en scène d’un dynamisme fou et un récit sans bout de gras, dont le fond est réduit à son strict nécessaire : opposer flics et truands pour des règlements de compte qui ne souffrent d’aucune règle, sinon celle de l’audace.
Roy Scheider épouse son rôle de flic borderline sans lever une seule fois le pied, envahissant chaque plan de sa ganache patibulaire. Sur sa table de torture, on retrouve des tronches pas possibles, comme celle de Joe Spinnel qui exploitait déjà son visage si particulier, 7 ans avant de trouver le rôle de sa vie en incarnant l’inquiétant Frank Zito devant la caméra de William Lustig. Ce qui est agréable dans le cinoche des 70’s, c’est que lorsque des personnages, qui représentent l’ordre et la morale, transgressent les règles qu’ils sont censés faire respecter, ils le font sans aucun scrupule. Dans The Seven-ups, le groupe d’intervention mené par Scheider n’y va pas par quatre chemins : quand il veut des réponses, il pose les questions à coup de crosses, et n’hésite pas à aller border du mafioso, à même son lit, pour une petite bavette nocturne, si la situation l’exige.
Et finalement peu importe que ces choix discutables soient crédibles, peu importe qu’ils soient réalistes, ils sont assumés par Philip D'Antoni avec un tel aplomb qu’on ne remet jamais en question ce qui se passe à l’écran. De toute façon, si l’on voulait le faire, ce ne serait pas possible, le rythme effréné du film ne nous en laisse pas le temps. Une science du montage et de la narration qui privilégie le spectacle à son contexte, à tel point que certaines trames secondaires en pâtissent, il est vrai, légèrement. Les personnages n’ayant pas la possibilité de s’exprimer pleinement parce qu’ils n’ont pas eu le temps suffisant pour monter en puissance. Celui qui pâtit le plus de ce manque de caractérisation étant cet indic un peu roublard, qui par son manque de densité, empêche la fin de trouver son plein impact.
Pour autant, Philip D’Antoni est si généreux lorsqu’il fait parler l’action, qu’on ne saurait lui tenir rigueur d’assumer le statut de polar nerveux de son film à 300%. Troquant, pour l’occasion, sa casquette de producteur burné (Bullit et French Connection, rien que ça) pour celle de réalisateur sans aucun complexe, il s’offre le luxe de parer The Seven-ups d’une course poursuite de haute voltige. Sa frénésie fera le bonheur de tous ceux qui n’ont jamais réussi à abandonner leur carton de majorettes : ces deniers jubileront lorsque la traque se terminera, par un finish aussi brutal qu’inattendu. Un sacré moment de bravoure qui par sa simple présence, transporte The seven-ups dans les hautes sphères du polar dépressif 70’s au fort tempérament.
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