Cinéaste britannique, parmi les piliers des Studio Ealing, Basil Dearden, réalisateur de Khartoum en 1966, fut un solide artisan du cinéma anglais des années 40 jusqu'à fin 60. Si celui-ci a travaillé au sein du système des studios, cela ne l'a pas empêché, néanmoins, d’aborder des sujets hautement politique dans certains de ses films, comme les affaires de chantages subit par les homosexuels, dans The Victim en 1960, ou bien encore, le racisme et plus spécifiquement, les relations interraciales, dans LesTrafiquants du Dunbar (Pool of London) en 1951, sans oublier le conflit entre l’IRA et le pouvoir anglais dans The Gentle Gunman en 1952.


Si le film qui nous intéresse ici, « Police sans armes » (The Blue Lamp), ne traite pas de sujets aussi polémiques pour l’époque, il n’en demeure pas moins une excellente série B, tenant aussi bien de la chronique que du film noir américain.


Nous suivons ici l'intégration d'un jeune rookie, au sein de la police londonienne. Il sera alors pris en charge et logé, par un officier expérimenté, proche de la retraite. Malheureusement, ce dernier sera abattu en tentant de s'interposer lors d'un casse. Dès lors, tous ses collègues se lanceront à la recherche des coupables...


Si l'argument de la série B s'avère ici très efficace dans ses différentes séquences d'actions, avec braquages et courses poursuites, ce n'est pas nécessairement ce qui intéresse ici Basil Dearden. En effet, ce que le film réussit le mieux, c'est de montrer la routine de ces policiers. Ainsi, que ce soit à travers les patrouilles dans les rues, ou dans les scènes d'attente dans le commissariat, le projet de Police sans armes, est d'humaniser ces hommes et de nous montrer la solidarité qui règne entre eux, sans vouloir en faire des figures héroïques.


En ce sens, l'aspect film chronique du métrage, peut faire passer ce « Police sans armes », comme un lointain ancêtre des Flics ne dorment pas la nuit (The New Centurion) de Richard Fleischer, en 1974, le côté dépressif en moins, car le film de Basil Dearden ne manque pas de touches de légèretés, dans un esprit très british.


Film moins ouvertement polémique que d'autres métrages à venir de son réalisateur, celui-ci n'en oublie pas pour autant d'y glisser, discrètement, un thème sous-jacent. En effet, à travers ces braqueurs, à peine adulte, Dearden nous donne à voir, le portrait d'une certaine jeunesse d'après-guerre, sans repaire, et quelque peu livré à elle-même (C'est le cas notamment du personnage de Maisie, qui fugue de chez elle pour échapper à l'environnement malsain du domicile familial).

Seule ombre au tableau à signaler, le jeu malheureusement limité de l'interprète de Maisie, qui de par son côté régulièrement hystérique, vient souvent gâcher les scènes durant lesquelles elle intervient, bien que le personnage soit intéressant. Rien à redire en revanche du côté des policiers, qui s'avèrent tous très attachants à leurs manières et caractérisés efficacement.


Efficace et très plaisant à regarder, comme d'autres titres de son réalisateur, Police sans armes est un film à découvrir sans hésiter.

Christophe-Parking
8

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le 30 mai 2024

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