3 semaines après sa vision, je dois avouer ne garder que de courtes images de ce film. Et pourtant, j'avais aimé la BD de Vivès dont il est issu (Disclaimer : je n'ignore pas grand chose de la polémique autour de Bastien Vivès et ne distingue pas l'homme de l'artiste).


Comment le film épouse la bande dessinée


Passons sur l'histoire, qui est grosso modo la même. Celle d'une danseuse issue de la Russie post-soviétique, elle-même non russe (géorgienne, crois-je me souvenir) qui perce internationalement après une formation à la dure en Russie.

Vivès avait graphiquement réussi un tour de force difficile : représenter le mouvement de la danse sur une image figée en utilisant sa technique très particulière de dessin, économe en traits, mais les justes traits.

Preljocal et Müller (époux dans la vie et évidemment, baignés dans le monde de la danse, l'un chorégraphe, l'autre réalisatrice) reprennent cette BD, mais bien évidemment, en remplaçant ce graphisme minimaliste et suggestif par des vrais ballets. En réalité, je ne suis pas un grand connaisseur en la matière, mais d'autres, à mes côtés, ont su apprécier les chorégraphies proposées.


Comment le film aborde l'emprise


Je m'intéresse ici à un sujet particulier : celui de la relation maître / élève, qui est souvent posé, d'ailleurs, dans certains disciplines exigeantes, que sont la danse ou la gymnastique, par exemple. C'est d'ailleurs l'un des thèmes du film comme de la BD. Et à l'issue de ce film, je m'interroge : cette exigence folle du geste parfait est-elle nocive ou un passage obligé ? A tourner autrement : la danse, entre autres, doit-elle absolument exiger cette perfection ? Un enfant qui ne comprend pas ce qu'il fait doit-il subir cela ?

Je n'ai pas la réponse à cette question, mais pour ma part, je ne tiens pas à amener mes enfants dans cette direction malgré eux.


Comment le film traite la danse ? Et le reste ?


C'est un peu là que blesse le bât. Toutes les scènes qui traitent de danse sont évidemment réussies. Comme dit plus tôt, je ne suis pas spécialiste en chorégraphie, je prends position plutôt sur les dialogues, les "duels", les relations maître - élève ou chorégraphe - danseur. Ainsi, la relation entre Polina et son maître russe est bien retranscripte, de même Juliette Binoche, en chorégraphe s'adressant à ses danseurs, ça fonctionne bien. Les répétitions interminables également.

Ce sont les parties de transition qui ne me semblent pas toujours pertinentes, réussies. Quand il n'y a pas de danse, parce qu'il y en a beaucoup. De même, les personnages ne me semblent pas fouillés. Assez peu de dialogues hors danse. Et en réalité, cela manque un peu. Car finalement, le film prend position assez clairement : c'est la danse qui doit obséder le danseur et rien d'autre.


Je fais peut-être un contre-sens. Mais ne partageant pas cet avis, je reste un peu en-dehors. Restent de belles images.



John-Peltier
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le 15 août 2023

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John Peltier

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