Un remake sans réelle saveur. Bon en soit, chui pas contre faire un remake d’un film qui a trente ans afin de l’installer dans un contexte plus moderne et d’utiliser les techniques actuelles (que ce soit dans la façon de faire un film comme de raconter une histoire) pour l’adapter à un public actuel. Parce que si l’original reste très chouette, il a quand même bien vieilli. Pas contre l’idée donc, mais pas au détriment de l’histoire ; ce qui est le cas avec ce remake, comme ce le fut avec Carrie, la Revanche il y a deux ans et demie.
L’histoire, l’histoire, l’histoire. On aura beau dire tout ce qu’on veut, ça reste l’essentiel dans un film. Je ne vais pas faire de comparaison entre les deux versions, parce qu’il n’y en a pas besoin : ce film est mauvais en lui-même, sans avoir besoin d’être un remake. Ici, on n’accroche pas une seconde à cette histoire. Y’a rien pour nous donner envie de la suivre et on se surprend même à s’ennuyer. Le film tente de surfer un peu sur le fantastique pour créer le climat horrifique, mais au final il ne réussit pas à créer l’ambiance qui ferait fonctionner les artifices horrifiques (tels que le jump and scare). Bref, on sent que les scénaristes ont voulu reprendre les bonnes idées de l’original pour ensuite les mixer à la sauce moderne.
Le hic c’est qu’on sent qu’ils ont un peu fait un fourre-tout pour voir ce que ça faisait, sans se soucier du rythme. Je pense notamment à la scène
où le père s’enfile quelques gorgées de whiskey pour ensuite se mettre à gerber des asticots et voir son reflet sur le lavabo pisser le sang d’un peu partout
. La référence au premier film est évidente, mais si c’est pour faire ça, autant s’en dissuader car la scène n’apporte strictement rien en plus de briser le rythme (
à l’inverse de celle où l’étudiant se fait attaquer dans le placard
: là, on a droit à une vraie scène intéressante et, ô surprise, elle n’y ait pas dans l’original).
Je parlais du père alcoolique plus haut : il est l’illustration parfaite du plus gros foirage de ce film, les personnages. Aucun, à aucun moment, ne réussit ne serait-ce qu’une seconde à nous faire quelque chose. L’écriture est vraiment foireuse de bout en bout. On sent clairement que les scénaristes ont voulu se concentrer sur le garçon, le hic c’est que c’est fait au détriment de tous les autres. C’est vide, c’est creux, ça n’apporte strictement rien (cf l’assistante noire qui doit avoir quoi… 2 répliques dans tous le film et apparaître même pas 5 min). Un film d’horreur sans personnage auxquels se rattacher, c’est la recette assurée d’un échec : l’horrifique repose justement sur cette faculté que nous avons à nous projeter dans les personnages et à ressentir ce qu’ils ressentent ; s’il n’y a pas de connexion, le film ne sert à rien. C’est clairement le cas ici.
Le final est quant à lui complètement raté. Je ne vais même pas m’appesantir là-dessus. Déjà qu’il est amené de façon laborieuse, presque lourdingue, il se conclut de façon complètement arbitraire, sans la moindre tension. On se rend compte là à quel point le film est raté : on suit l’histoire, on attend qu’il se passe un truc, que les personnages soient mis face à quelques difficultés et puis, pouf, final, conclusion, rideaux, épilogue foireux. Y’a rien, du vent. C’est juste foiré, à l’image du reste du film ; mais vu que c’est la fin, on s’en rend d’autant plus compte.
Dans le casting, ça ne vole pas très haut non plus. Comme je l’ai dit, l’écriture des personnages et complètement foirée, si bien qu’il en devient difficile pour le casting (qui aligne quand même Sam Rockwell et Jarred Harris) d’en faire quelque chose : à l’image du film, ils piétinent, jouent le cliché à fond. Au final, la bonne surprise vient des enfants qui réussissent à être meilleurs que leurs aînés. Alors peut-être que Gil Kenan dirige mieux les jeunes acteurs que les anciens, ou du moins que les rôles étaient peut-être mieux écrits ; mais le constat est là : les enfants sont les seuls à faire quelque chose de vaguement intéressant.
Techniquement, bah voilà c’est un film fait en 2015. Du coup, certes, il fait un peu moins vieillot que le précédent et peut se permettre des trucs qui étaient impossibles en 1980 en termes d’effets spéciaux (je pense notamment au monde parallèle, à la destruction de la maison, les effets paranormaux). Reste à savoir si ça vieillira aussi bien sur la durée. La musique est au final plutôt discrète (presque trop pour un film d’horreur… mais d’un côté, je commence à me demander si ça en est un), et tente vaguement de rendre là aussi hommage au précédent en remixant le thème bien connu.
Au final, le seul point que j’ai apprécié, c’est la mise en scène. Certes, là aussi faite avec les moyens actuels, ce n’est pas pareils ; mais même si elle était souvent assez classique dans le genre horrifique, elle propose plusieurs scènes/plan/séquence (et plan-séquence) plutôt sympa et plutôt bien amenés. Ça donne une certaine fluidité au récit, mais au final elle manque elle-aussi à créer l’ambiance qu’on attend d’un film d’horreur.
Bref, Poltergeist version 2015 est un film raté. Non pas parce qu’il échoue à faire un remake de l’original, à recréer l’ambiance qui rendait le film de Hooper si particulier, à rendre ses personnages si marquants. Non, il est raté parce qu’il se présente comme un film d’horreur mais n’en a pas le charisme. On peut le prendre alors comme un film fantastique, mais là aussi il lui manque de quoi y prétendre. Un thriller alors ? C’est ce qui pourrait marcher le mieux, mais au final on se trouve avec un thriller fantastico-horrifique sans réel saveur. Je ne sais pas ce qui est le plus grave : essayer de faire un remake d’un film chouette ou se rater complètement en le faisant.