Pompo The Cinephile...je sors de la salle de cinéma en étant encore dans le film et en n'arrivant pas à me calmer dans ma tête.
Cette adaptation par Takayuki Hirao - réalisateur notamment du film Gyo et de l'animé God Eater - du manga éponyme de Shougo Sugitani parle aux rêves de ceux qui travaillent ou veulent faire partie de l'industrie du cinéma ainsi qu'aux spectateurs, cinéphiles ou non.
Cela donne à voir autant sur le tournage que sur d'autres aspects de la création d'un film comme le financement ou le montage, que je n'ai pas vu pour le moment au cinéma. En manga par contre, vous pouvez foncer sur Act-Age, Oshi no Ko ou encore Tenmaku Cinema.
C'est certes une vision romantique de cette industrie qui nous est dépeinte, mais il y a déjà des œuvres qui montrent très bien ses travers (ex : Babylon, Mulholland Drive, etc.) et cela reste très instructif tout en montrant quand même que la création dans le cinéma c'est un ensemble d'individus et que cela reste ardu. Ayant déjà réalisé un court-métrage avec un club, les scènes concernant le travail du monteur et le fait d'avoir des frissons quand la séquence filmée correspond exactement à ce que nous avions imaginé m'ont beaucoup parlé je l'avoue.
Cela me donne envie de faire à nouveau du cinéma, le film m'a eu.
Pompo The Cinephile est aussi une œuvre remplie de parallèles plus intéressants les uns que les autres. Déjà entre le réalisateur et le protagoniste de sa création et sur le fait qu'un bon film peut l'être car on s'identifie à un ou plusieurs personnages. Mais quand on se rend compte qu'il y a des parallèles même entre le staff réel et cette œuvre cinématographique, cela ajoute une autre dimension au propos du film.
Par exemple, que Gyo est un film de série B avec des poissons qui envahissent la terre ferme et que Pompo soit une productrice de ce même genre de film et que ceux que nous voyons à l'écran soit avec des gros monstres marins. Ou encore que l'acteur légendaire Martin Braddock est justement doublé par un grand seiyuu : Akio Ootsuka. Sa voix grave et charismatique ayant beaucoup apporté à des animés comme Baki (Hanma), My Hero Academia (All for One), Vinland Saga (Thorkell) et surtout One Piece avec Barbe Noire.
En parlant de ce seiyuu qui ravira les fans d'animés comme moi, nous avons aussi clairement à manger du côté de l'animation et de la réalisation. Takayuki Hirao et le studio CLAP (Tunnel to Summer) nous offrent un moment de cinéma en n'arrêtant pas d'utiliser la réalisation, le cadre, le montage et sa direction artistique pour que le film ainsi que celui créé dans ce dernier soient tous deux touchants et divertissants. Les scènes où le réalisateur fait des coupures comme un épéiste, le split-screen après que la page d'un script soit tournée, les différents zooms et la matérialisation de l'aura créatrice d'un artiste subliment à coup sûr le manga d'origine, en plus d'en faire un grand film.
Pompo The Cinephile est donc pour moi un grand film sur le cinéma, ainsi qu'un excellent film d'animation tout court.
Si je devais vraiment reprocher quelque chose à mon plus gros coup de cœur de 2024, c'est qu'il est ironique qu'un film où l'enjeu du récit est d'en réaliser un durant 90 minutes en compte 94.
Bonus : Dans le film il y a Symphony No. 1 in D Major "Titan": IV. Stürmisch bewegt de Gustav Mahler interprété par Polish National Radio Symphony Orchestra, aussi présent dans Mes voisins Yamada réalisé par Isao Takahata. Et en plus de beaucoup aimer ce morceau, l'écouter pour cette critique me donne encore plus envie de revoir ce dernier.