Ayant eu énormément de mal à sortir en France (et sous un titre totalement différent) Pompo the Cinephile est un film assez atypique dans lequel le personnage titre est une jeune fille (avec une tête de petite fille) hyperactive qui se trouve à la tête d'un studio de cinéma. L'idée est de nous raconter, par le menu, comment un film se créé, du moment où l'idée germe jusqu'à la projection (avec même à la fin la remise des prix.)
Adaptation d'un manga, Pompo The Cinephile n'est pas révolutionnaire (mais parfois ça fait du bien) il y a pas mal de jeux au niveaux du montage ainsi que des fulgurances dans certaines idées de mise en scène. Le film est assez vif et on ne voit pas passer les 1h30 de film. (1heure 30, car comme le dit Pompo : "au delà d'une heure et demi les films sont chiants.") Le film est coloré et n'hésite pas à montrer des décors variés notamment la Suisse (les japonais adorent la Suisse depuis Heidi, c'est dingue.)
Le film n'est pas tant que ça centré autour de Pompo, dont la figure de "loli" a pu en décontenancer plus d'eux, mais qui se trouve être plutôt un personnage cartoonesque et bigger than life dont la passion est de sortir des films de série B improbable (mais de les traiter avec sérieux). Le film se centre très vite sur Gene, un réalisateur qui doit effectuer son premier film.
Après, j'ai un peu de mal avec ce film parce qu'il donne des conseils de cinéma qui sont parfois très bons, parfois très mauvais. Dans les bonnes choses il y a notamment le fait de ne pas hésiter à profiter des accidents de tournages. De plus, il n'hésite pas à montrer que le montage est une étape très importante d'un film (le dernier tiers se situe carrément dans une salle de montage.) Le fait qu'il arrive à rendre dynamique toute une séquence de montage en expliquant à quel point c'est difficile de condenser des prises, de garder un rythme et surtout de devoir supprimer des scènes qu'on aime bien, c'est pour le coup de très bons conseils. Chose assez étonnante, si le tournage en Suisse est centré sur le coeur du film, les scènes de montages nous en montre le début et la fin, ce qui donne l'impression presque d'avoir sous les yeux deux films différents.
Mais il donne aussi des conseils qui sont catastrophiques. Le coeur du film, c'est quand même Pompo qui confie son prochain film à un assistant de prod qui a juste réalisé un trailer et à une comédienne débutante tout juste échappée de sa province natale. Alors, je sais que le but du film c'est de montrer que la passion est plus important que tout, mais le cinéma ça s'apprend pas en matant des films : si beaucoup de réalisateur sortent de la pub ou du court-métrage, et si les plus grands réalisateurs réalisent leur plus grands films passé un certain age, c'est pas par hasard. Il faut de la bouteille, il faut s'être entrainé avant (et parfois avoir fait des erreurs.) Surtout que le pauvre Gene doit aussi monter son film tout seul en quelques semaines (ce qui n'arrive jamais dans les milieux professionnels.)
Si l'ensemble du film est agréable j'ai vraiment du mal avec la toute fin, notamment une scène surréaliste où une banque accepte de financer un film qui risque de se planter parce que "on est là pour faire éclore des projets" (non) et toute la fin où Gene monte son film à s'en bousiller la santé, refusant d'avoir l'aide d'un monteur. (Alors que techniquement savoir déléguer c'est très important au cinéma.) Il y a un côté "entrer en burn out pour son art" que je déteste assez et qui me rappelle les pires moments du manga Bakuman.
Donc voilà, c'est dommage, j'aurai adoré recommander ce film, mais il y a encore une fois trop de trucs qui me gênent pour en sortir pleinement satisfait.
Est-ce que je le montrerais à des enfants ? Mouaif non. Pas sur que ça les intéresse malgré le fait que ça soit tout public.
Possibilité de remake/suite : Je rêve de faire un film qui s'appellerait Pompoko the Cinéphile avec des tanukis qui font du cinéma.
Le détail qui me titille : Le fait que les employés de banque aient eu une de leur réunion filmée et streamée à leur insu, garde l'employé de banque qui a fait ça, ne le vire pas et finissent par le récompenser, ça tient complètement du délire.
Suis-je le seul ? : A me demander pourquoi leur univers est en Nya ("miaou") : la ville s'appelle Nyalliwood, ils boivent du Nyapsi Cola, reçoivent des Nyacadémie Awards. Et le tout est sous forme de chat. Alors, c'est très drôle... pourquoi les chats ? (Je crois que la réponse risque d'être "pourquoi pas ?")