Exercice de style tout à fait intéressant.
Coincés dans le studio de leur émission, trois membres d'une équipe de radio se voient contraints de relater les horreurs qui semblent se dérouler à quelques kilomètres de là ou ils se trouvent. Les appels des auditeurs, relatant l'apparition d'un groupe de personnes malades et dangereuses, atteintes d'un mal invisible, sont en effet leur seul contact avec le monde extérieur et leur seule source d'information.
Alors qu'ils apprennent qu'ils sont placés en quarantaine par l'armée, il semble qu'un des membres de leur trio commence à contracter de curieux symptômes...
Comme la plupart des films d'angoisse qui fonctionnent, le danger n'est que latent dans la première partie du film. On sent que quelque chose ne tourne pas rond, mais on est tentés de croire, comme les acteurs principaux, que tout ceci n'est qu'une mascarade.
Toute la première moitié est remarquable, tant le suspens tenace prend le spectateur à la gorge. Les personnages présentés ont un gros potentiel affectif, notamment le présentateur de l'émission qui sous ses airs de redneck bourru à la voix grave, s'avère en fait avoir une personnalité bien plus complexe et attachante.
Le concept de la transmission du virus par le langage est quant à lui inédit (du moins pour moi) et les règles qui régissent cette transmission d'un individu à un autre suffisamment floues pour que le suspens persiste.
Seulement, il y a un problème. Voire même des problèmes.
D'abord, les réactions des personnages sont inexplicables dans bien des cas. Bien souvent, ils sont décontractés alors que n'importe quel individu normalement constitué aurait pris ses jambes à son cou. Certains événements franchement malsains ne provoquent aucune réaction chez eux alors que d'autres, tout à fait anodins, les plongent dans les abîmes de la terreur.
On ne comprends pas toujours ce qu'il font, et encore moins ce qu'ils disent. Pour un film basé intégralement sur la notion de langage, la moindre des choses aurait été de soigner les dialogues.
Enfin, reste ce huis-clos forcé, qui est pourtant l'apanage des films de bien moindre calibre. Les personnages se terrent dans leur studio, alors qu'ils auraient pu s'enfuir depuis belle lurette, le tout servi par des prétextes plus vaseux les uns que les autres ("Les portes sont fermés à clef, on est à l'abri ici ! Bon, ce sont des baies vitrées qui supportent à peine la force du vent, mais on est quand safe. C'est pas comme si on venait d'annoncer qu'ils ont fait exploser un immeuble y a moins d'une minute,lol".)
Malgré tout ces petits défauts, et la fin un poil foireuse (que je vous laisse découvrir), le film est agréable à regarder et, ne serait ce que pour la première partie, je vous recommande sa vision.