De temps je tombes sur un film du genre, un petit scénario basé sur une astuce quelconque qui le rends un tant soit peu original et qui, avec un supplément d'imagination, devient vraiment terrible.
Et en l'occurrence, Pontypool est le meilleur film d'infection que j'ai vu depuis longtemps, duquel je n'attendais strictement rien. La faute, très certainement, à la jaquette du DVD Français que l'on croirait estampillée Asylum.
Cloîtrés par une tempête de neige dans les studios radio d'une petite ville tranquille, l'équipe vaque à ses occupations, tout en tentant de tempérer les ardeurs de l'animateur, autrefois grande figure déchue qui s'emmerde sec dans ce rôle trop étriqué pour lui. Les gens du cru qui viennent pousser la chansonnette à la radio, les appels des correspondants qui signalent des petits trucs sympa depuis leurs cellulaires, bref c'est une radio locale banale, un peu soporifique mais plaisante.
Et puis au fur et à mesure des nouvelles arrivent, un peu étranges, auxquelles d'abord personne ne prête attention. Ce sont les même correspondants, mais le ton n'est pas le même, et le mystère grandit peu à peu pendant les trois premiers quarts d'heures à la manière du canular d'Orson Welles, sans rien montrer d'autre que l'intérieur de la station et la réaction des quelques protagonistes. On n'en sait rien, mais on l'imagine, on imagine cet intervenant posté en haut de sa colline dans sa voiture qui semble tout droit sorti d'un Stephen King, et cette menace, évidente, mais invisible, qui s'infiltre rapidement dans Pontypool.
C'est cette partie là qui m'a vraiment impressionné, la caméra fait des merveilles avec un minimum de choses, utilisant à merveille l'espace restreint de la station et le talent de ses acteurs. Les situations, les réactions, tout est criant de vérité, il y a un vrai travail sur le son et l'image, et c'est rare dans les productions horrifiques actuelles.
La suite m'a un peu moins enchanté. L'arrivée d'un nouveau personnage qui en explique trop cassant un peu la magie du truc.
Il est même plutôt rigolo rigolo ce scientifique, avec sa théorie incroyable, et malgré la multitude d'excellentes idées qui peuplent la suite c'est moins finement exploité, et souvent bordélique. Heureusement la performance finale façon Kamoulox absolument dantesque rattrape le tout, avec encore une fois ce jeu sur le son, la langue poussé à l'extrême, et le trop rare Stephen McHattie est royal. Sa voix de crooner est, somme toute, le principal atout du film.
Et n'oubliez pas que si vous regardez ce film en V.F., un chaton meurt. Ce serait un peu comme regarder The Wall sans le son au fond...