Pookie
Pookie

Film de Alan J. Pakula (1969)

En faisant un raccourci de mauvaise foi (et abstraction du cinéma d'exploitation), le spectre audio-visuel des années 60 allait des fantaisies bon enfant de Batman aux cruelles dissections morales de Bergman. Entre les deux, se situaient des films qui enrobaient des thématiques sérieuses dans une musique sirupeuse et une photographie colorée, histoire de faire passer la pilule. Aujourd'hui, on a à un bout du spectre des films dédiés à la jeunesse à la noirceur stylistique et morale superficielle (Batman, Logan, autres uber-héros exponentiellement diffusés), et à l'autre bout des films à la noirceur stylistique et morale, sans profondeur psychologique réelle, et adressés à une minorité de snobs (sur le modèle des films de Haneke, avec les petits derniers comme Lanthimos). Entre les deux, il n'y a plus grand chose. Finis les Wilder, Kazan, Preminger...


Ce film-ci sortit au moment où la nouvelle génération de réalisateurs faisait ses débuts dans les grands studios avec des film non dénués de sens, souvent voués à la description de la jeunesse anomique d'une époque (Midnight cowboy, les gens de la pluie, Alice's restaurant...) mais sur lesquels les Coppola et Pakula comme ici n'avaient apparemment pas un contrôle complet - c'est du moins ce que je déduis de la présence de la comptine pop et sucrée (bien que ce ne fût pas son premier film en tant que producteur, loin de là - To kill a mockingbird, inside daisy clover, up the down staircase... -).


Ce "coucou stérile", c'était Liza Minelli dans son premier premier rôle au cinéma - auquel la prédisposaient des antécédents compliqués (merci maman) et un physique ne correspondant pas aux standards hollywoodiens (merci papa) mais qui ne constitue pas toujours un obstacle à une carrière (merci maman et papa). Elle eut la chance de débuter avec des rôles intéressants dans un univers où les jeunes femmes étaient systématiquement reléguées au second plan.
Ici, il s'agit de Pookie Adams, une toute jeune adulte, orpheline de mère à la naissance, élevée dans un désert affectif par un veuf, et qui jette son dévolu sur un garçon qui cède à ses avances. Elle traite à tout bout de champ les autres de "weirdos", manière puérile de reporter sur eux son incapacité à s'intégrer. Le compagnon de chambrée de son petit ami Jerry surjoue le mâle viril mais pourrait bien être homosexuel.
A mesure que Jerry s'intègre au milieu universitaire et social, délaissant une activité de nerd comme la collection d'insectes, il va s'éloigner des deux autres.


Voilà donc un film où la fille prend l'initiative, mais son étouffant besoin d'amour compromet ses projets - le récit d'une relation jusqu'à son délitement, soit une gentille bousculade des modèles à l'eau de rose (ça prépare le terrain à - bouh snif - Love Story).


Certains ont chuté du fol espoir de l'enfance au désenchantement sans passer par la case hippie.

ChatonMarmot
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le 23 nov. 2017

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