Le gendarme à Bucarest
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le 6 janv. 2021
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Une rue quelconque, dans une grande ville, un quartier d’habitation sans âme. On le sait, le cinéma roumain ne brille pas par son sens du spectaculaire, ni par une esthétisation forcenée…
Sur un scénario d’Ioana Moraru, « Poppy Field » est le premier long-métrage d’Eugen Jebeleanu, qui s’est taillé une réputation internationale en tant que metteur en scène de théâtre, spécialisé dans les problématiques LGBT. Il présente ici un policier homosexuel, confronté à une situation de crise qui le place face à lui-même et à ses propres blocages.
Un premier temps montre l’arrivée, à Bucarest, d’Alex (Ionut Nicolae), l’amant français de Cristi (Conrad Mericoffer), le policier en question. Si le scénario peine un peu à donner vie à cette histoire d’amour qui se cherche encore, la tension s’installe soudain dans la seconde partie de la séquence suivante, qui constitue visiblement le plat de résistance du film : Cristi et son groupe de police doivent intervenir dans un cinéma porno, où une scène lesbienne s’est trouvée interrompue par un groupuscule catholique intégriste, brandissant des images saintes et lançant ses anathèmes sur les spectateurs de la salle. Mais l’un des clients du cinéma reconnaît Cristi et le somme de se positionner clairement, ce qui provoque chez celui-ci une montée de violence nécessitant l’intervention de ses collègues.
Cette mise en tension marque une acmé, écartelant le protagoniste entre sa nature profonde et non seulement son métier et les codes machistes qui le régissent, mais aussi les propres condamnations et les propres barrières que son éducation a implantées en lui et qui causent une haine de soi toute prête à se déverser sur autrui. Dans ce grand moment de tourment intérieur où Cristi, placé à l’isolement dans le cinéma vidé de son public, doit laisser ses confrères agir à l’extérieur et affronte ses propres démons, ne dialoguant qu’avec quelques collègues qui viennent successivement le surveiller, Conrad Mericoffer donne soudain la pleine mesure de son jeu, tout en subtilité et en retenue mais avec une belle intériorité.
La caméra de Marius Panduru et ses teintes désaturées disent la tristesse et la monotonie de l’existence, dans un pays où l’homosexualité n’a été dépénalisée qu’en 2001 et où les carcans religieux sont encore puissants. Eugen Jebeleanu signe une œuvre nécessaire, dont on espère qu’elle contribuera à ouvrir les esprits et à assouplir les dogmes.
Créée
le 12 août 2022
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Le propos est intéressant et montre encore la vision négative de la populaire roumaine face à l'homosexualité. Pour vivre heureux, vivons cachés.
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le 2 août 2023
bjr ... voilà un film qui sert a rien .... quelle tristesse .. 2 pour la beauté de l'acteur .. quel temps perdu
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