Il s'agit d'une série en fait. En tous cas je ne vois pas sur imdb de version 'long métrage' dans les version alternative.


Je n'aime pas les documentaires sur le sujet où l'idéologie est trop marquée. La plupart du temps, on voit des docu sur le porno qui mettent à mal la profession, on victimise les actrices alors que les acteurs sont des connards et encore plus les réalisateurs, producteurs et autres employés d'agences chercheuses de talents... du coup ça gâche un peu le travail de recherche à fournir pour traiter de cette industrie si particulière (l'un des rares métiers où la femme est mieux payée que l'homme, sauf pour le sexe gay masculin). Je suis également contre la pratique inverse : monter l'univers du porno comme si tout était rose. Et c'est le cas ici : après un ou deux épisodes, je pense que beaucoup de spectateurs seraient tentés d'exercer cette profession tant tout paraît formidable. En fait, je ne veux pas qu'on me dise si c'est bien ou pas bien. Je veux juste qu'on m'explique, qu'on me montre, comment ça se passe, comment les acteurs vivent en dehors d'un tournage, comment ils se comportent sur un tournage, comment trouver des investisseurs et des distributeurs et tout le tralala. En peu de mots : découvrir comment ça se passe dans ce milieu, sans exercer de jugement facile. Le porno, comme n'importe quel autre milieu, comporte ses bonnes et ses mauvaises choses.


Le porno est quand même la seule branche audio-visuelle où les blancs, les noirs, les hommes, les femmes, les nains, les trans, et tout ce qu'il est possible d'imaginer comme distinction, peut réussir, recevoir des prix, gagner sa vie. C'est une belle ouverture sur la sexualité, qui permet également d'assouvir ses fantasmes les plus délirant (il n'est pas interdit de fantasmer sur tout ce que l'on veut). Je trouve que rien que pour ça, ça a le mérite d'exister.


Soit.


Les récits sont intéressants, les auteurs abordent pas mal de sujets intéressants, se focalisent surtout sur le genre de porno, mais touche aussi au social, aux récompenses, aux problèmes rencontrés sur un tournage. Les épisodes 2 à 6 sont correctement structurés (ils ont du mal à tenir un épisode sans digresser, mais chaque épisode a un sujet principal on va dire) tandis que le premier épisode est plutôt foutraque et donne presque envie de ne pas poursuivre la série.


Il paraît que la taille n'a pas d'importance. Non pas que les zizis sont aussi bien que les grands zizis, mais simplement que tous les vagins ne sont pas pareils non plus et que donc certaines femmes seront plus à l'aise avec un petit, un moyen ou un grand. C'est pareil pour la durée d'une oeuvre audio-visuelle, certains sujets nécessitent une durée plus longue, moyenne ou courte. Ici, malheureusement la durée n'est pas adaptée aux sujets : on a chaque fois l'impression de survoler le sujet. On apprend tout de même des choses (par exemple, c'est la première fois que j'entends dire que le viagra ne servira pas si mentalement l'acteur n'est pas prêt ; je pensais qu'on prenait la pilule et 'hop', le sexe se dressait miraculeusement de gré ou de force), mais on sent que ça aurait pu aller plus loin, qu'il y avait d'autres choses à dire (la frustration du dernier épisode où l'on pense que l'on va découvrir les coulisses d'une sélection en festival porno, quand on ne nous livre que 5 minutes de conversation). C'est trop vite expédié.


Je ne suis pas contre les idéologies des auteurs, pour moi c'est trop subjectif pour qu'on en tienne compte dans la note, que ce soit pour une œuvre qui défend le porno ou au contraire le fustige. Par contre ça me dérange quand cette idéologie marque la narration : il n'y aurait pas cette volonté de rendre le porno si 'chouette' et 'fun', les auteurs auraient certainement approfondi certains aspects. C'est donc très dommage d'avoir à subir un nivellement par le bas pour un esprit de bienfaisance (un peu ce qui se passe dans l'enseignement au fait).


Les images sont généreuses : à part durant le premier épisode où le réalisateur essayait de ne pas monter les sexes, on a droit à pas mal de plans où l'on voit les acteurs travailler, sans pour autant avoir les gros plans du film puisque ce n'est pas un porno. Mais autant ne pas se casser la tête, c'est plus parlant si on voit les choses telles qu'elles se déroulent. Les acteurs ont des choses à dire, pareil pour les autres intervenants, les anecdotes et réflexions sont nombreuses. L'équipe s'incruste assez bien sur différents tournages mais aussi dans des milieux différents. Par contre on ne profite jamais assez des lieux que ce soit la loge, la vue d'ensemble des décors ou bien les lieux S&M. La BO est sympa, appuie le côté léger et humoristique de l'entreprise (c'est vrai je ne l'ai pas dit il y a une forme d'humour en plus de la légèreté, ce qui n'est pas déplaisant), ça passe bien. Le montage est plutôt efficace : on retrouve des intervenants dans chaque épisode puisque leur discours a été découpé en fonction des thèmes abordés.


Bref, c'est pas déplaisant à regarder, j'ai passé un bon moment grâce à la richesse des thèmes abordés. Malheureusement ça ne va pas assez loin et c'est trop orienté 'le porno est la meilleure industrie qui soit' comme s'ils cherchaient à recruter.
Il serait d'ailleurs intéressant de tourner une saison 2 aujourd'hui, près de 20 ans plus tard. Il est vrai qu'à l'époque, le net était encore maîtrisable, il n'y avait pas autant de sites de streaming gratuits pour avoir accès à toutes ces vidéos amateures et professionnelles, l'industrie souffrait déjà du piratage mais pas autant que maintenant. À l'époque on débloquait plus facilement de gros budgets pour certains films, aujourd'hui, ces grosses productions sont plus rares, plus difficiles à mettre en place. Même le starsystem est mis à mal : dans un autre docu je me souviens avoir entendu qu'engager une star flinguait le budget, puisqu'il ne restait plus grand chose pour la régie, les maquilleurs les autres acteurs et actrices... on privilégie donc les newbies (qui sont aussi une niche comme précisé dans cette série). Je pense que s'il y avait une suite à cette série, elle serait forcément plus sombre, moins joyeuse, même s'il est encore possible de vivre de ce métier.


On notera aussi que, comme pour le cinéma 'normal', on a tendance à cacher que les acteurs ont du succès tant qu'ils sont jeunes : passé un certain âge (la date de péremption), les acteurs doivent rebondir correctement s'ils veulent continuer de vivre confortablement, car tous n'auront pas le rôle de papi ou de mamie.

Fatpooper
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le 6 févr. 2022

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