Avec ses adaptations de jeu vidéo, Uwe Boll est passé de l'anonymat (parmi ses sept premiers films, seul Amoklauf est relativement facile à se procurer) à une large notoriété, immense chez les nanardophiles. House of the dead, Alone in the dark et BloodRayne lui ont valu le qualificatif de « master of error » et il est généralement considéré comme l'un des pires réalisateurs actuellement en activité. Cependant pour être un nouvel Ed Wood, il faut aussi lâcher des perles dont l'ambition et l'excentricité n'auraient d'égal que la médiocrité.
Uwe Boll accomplit alors Postal, une comédie très grasse et politisée, partageant très peu en commun avec le jeu vidéo dont elle prend le nom. Sorti en 2007, le film se veut subversif, humilie les nains, les humains en général ainsi que Bush (fin du second mandat en janvier 2008) et Ben Laden en particulier, qui s'avèrent deux joyeux camarades partisans d'un Holocauste nucléaire. En garnitures, Boobs en parade et outrances abjectes telle que tonton Dave dans son intimité entre la litière et la literie. Glaviot juvénile et crétin, tolérable un quart d'heure, le film vire à la torture. Uwe Boll a beau faire une référence à Pink Flamingos (les caravanes, la grosse et ses œufs), il n'arrive pas à la cheville du baron du trash John Waters (lequel place la barre très haut), surpassant plutôt les pires dégueulis de Sacha Baron Cohen.
Il livre un fourre-tout exalté, indigent, violemment immature, prenant ses dérives scabreuses et gluantes pour des impertinences, ses rodomontades de cours de récré pour des parti-pris de surhomme. Boll pointe le cynisme omniprésent et y participe lui-même. Il se met en scène dans son propre film et vient régler ses comptes, en vendant des Koukougnettes – l'interminable délire autour de ces ours en peluche si délicatement nommés est l'occasion d'évoquer le financement de ses films, dans une logorrhée trouble d'où émane un sarcasme vengeur. Après avoir embarqués des acteurs renommés dans ses films, Uwe Boll fait cette fois participer Vince Desiderio, créateur du jeu Postal. Par sa bouche il qualifie leur bébé d'« adaptation de merde », avant de se battre contre lui.
Suite au tapage de Uwe Boll autour de ce film et à la surprise qu'il a constitué à sa sortie, Postal est devenu 'culte' et reste l'opus le plus connu de son auteur. Il a a lors commencé à se forger une communauté de fans, plus ou moins nuancés ou rigolards, tandis que certains haters de Boll se sont trouvés perplexes. Pourtant Postal est bien plus éprouvant que les précédents exploits du réalisateur. Alone in the dark et House of the dead dressaient un inventaire de bourdes typiques et de lourdeurs impayables ; ils pouvaient facilement devenir des plaisirs coupables. Postal n'est qu'un enfer de constipés mono-neuronaux lâchant le bouchon. Les quelques idées furtives ou fulgurances gamines ne permettent pas à Postal de nous amener ailleurs que dans les recoins les plus gluants des poubelles de l'esprit. Au moins le spectateur découvre les thématiques faisant vibrer Uwe Boll, dont font partie le terrorisme nihiliste et le spree killing ; ce sera les moteurs de Rampage, peut-être son seul film décent.
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