Surfant sur la vague vintage, le réalisateur nous livre une œuvre cinématographique, certes empreinte d’une nostalgie, mais tonifiante et rassérénante à la fois. Tout ici est labellisé seventies, un habillage fidèle dans les décors, la bande son, les accessoires, les costumes mais surtout dans l’esprit. On y retrouve ce qui faisait l’essence de la pièce, les traits grossis, des personnages excessifs autour d’une histoire simpliste mais constellée de bons mots et de situations désopilantes. Ozon pousse plus loin encore ce flash back sur ces années d’enfant. Il retient en focale de son film, la manière et le ton des comédies à la française de l’époque dont le public était friand. La référence la plus marquée étant sans doute « La Zizanie » mais il y en a beaucoup d’autres.

Plus encore, parce que Ozon aime le cinéma, le vrai, le sincère, le beau, il rend un véritable hommage à un couple mythique : Deneuve et Depardieu… 30 ans après cette fièvre qui les a jamais unie, dans « Le dernier Métro », on retrouve, un temps, en l’espace d’une scène de baiser bouleversante celle et celui qui furent Marion et Bernard, vieillis, assagis, nostalgiques, mais dont la passion n’est toujours pas éteinte.

La démarche d’Ozon est loin d’être opportuniste. Il habille son « Potiche » avec un ancrage bien contemporain. Ses clins d’œil au « Casses toi pauvre con » ou le discours où se transcende une Deneuve qui devient tout à coup la mère du peuple, ne sont pas sans nous rappeler notre société et ses propres écarts. Et le film est truffé de ses références actuelles.

Enfin, parce qu’il faut toujours garder le meilleur pour la fin, il faut évoquer le cas Deneuve, qui rappelons le, avait fort à faire pour qu’on oublie Jacqueline Maillan. Aidée de son complice Ozon, elle impose une nouvelle Suzanne. Aucune hésitation à enfiler la défroque ridicule de cette bourgeoise, « potiche certes, mais pas cruche », elle en fait des tonnes et excelle. Les plus grands éclats de rire dans la salle, c’est à elle qu’on le doit. Elle est à 67 ans au top de son art, de son jeu. Plus que jamais elle frappe là où on ne l’attend pas. C’est du grand art !

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le 13 sept. 2014

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Fritz Langueur

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