Le documentaire met dans l'ambiance: du noir et blanc pour évoquer le côté sordide du meurtre et la misère des personnages. Quelques touches d'humour noir viennent cependant humaniser le propos. Le meurtre d'une prostituée vient d'être commis à Bruxelles. Le commissaire Lemoine, super-flic à la Maigret mais en plus vif, a trouvé semble-t-il le coupable idéal.
L'homme qu'Hinant savait trop
Toxicomane, violent, 37 ans dont plus de 16 passés en prison, pas d'alibi, M. est l'ex-petit ami de la victime et semble être la dernière personne à l'avoir vue. De surcroît l'analyse de l'estomac de la victime révèle des frites de la même configuration que les frites surgelées que le suspect a achetées juste avant. Cet indice peut paraître rajouté pour apporter une note locale mais nous sommes dans un pays où les légistes sont aussi par la force des choses des experts en frites. Le suspect affirme de son côté ne se souvenir de rien à cause de sa prise de drogues dures.
C'est y Libon coupable?
Mais le commissaire Lemoine ne se contente pas de l'habillage des faits. Suite à l'analyse de la liste des appels du GSM de la victime l'enquête s'oriente vers le milieu des trafiquants de drogue pakistanais de la Porte de Namur, et par la même occasion se complique. Les difficultés viennent du fait que la plupart des hommes interrogés ne comprennent pas un mot de français et, en présence de l'interprète, se taisent ou mentent par peur ou par solidarité avec leur compatriote. On finit par trouver le coupable mais il a déjà pris la poudre d'escampette.
D'une façon indirecte le documentaire est un document anthropologique qui nous montre la face sombre de Bruxelles qui n'a rien à envier à Paris, avec entre autres le problème insoluble de la toxicomanie. Il n'oublie pas de révéler l'omniprésence du communautarisme et les grosses difficultés pour mener une enquête rapide dans ces conditions. Il montre aussi la lourdeur des procédures policières dans la scène où le commissaire donne des dizaines de coups de fil pour obtenir deux policiers en uniforme sur une perquisition. La conclusion est en somme plutôt logique.
Le toxicomane a été reconnu coupable d'agression dans une autre affaire un an après.
30 ans après le vrai coupable n'a toujours pas été retrouvé...
Strip-tease belge sans déshabillage
Le casting, avec le renfort de la juge Anne Gruwez, une huile de la magistrature, réussit à faire prendre la mayonnaise de ce Poulet-Frites. Libon et Hinant, l'équipe de Streap-tease, émission culte de la RTBF responsable de la série télé "Le flic, la juge et l'assassin" sait mettre en valeur les enquêteurs qui sont humains et sympathiques. Il n'empêche que le générique de fin dément toute cette bonne volonté: l'enquête se termine bel et bien sur un constat d'échec.