Poupoupidou, second film de Gerald Heustache-Mathieu est un petit film noir teinté de comédie assez atypique dans son mélange des genre qui permet de passer un très bon moment. Le film plonge David Rousseau un auteur de roman noir parti chercher un maigre héritage en province dans les mystères entourant la mort d'une starlette locale qui se prenait pour la réincarnation de Marylyn Monroe. Pour cet auteur en panne d'inspiration, cette affaire pourrait bien lui ouvrir les portes d'un nouveau succès, l'homme se lance dans une enquête alors que la police locale a déjà conclut hâtivement l'affaire sur une mort par suicide.
Poupoupidou se déroule à Mouthe, une petite ville du Doubs qui a la particularité d'être la plus froide de France, un détail climatique et géographique qui permet toutefois à Gerald Hustache-Mathieu d'installer une ambiance étrange entre Fargo et Twin peaks (que le film cite ouvertement plusieurs fois). Car dans Poupoupidou tout en restant coincé dans la neige de cette petite ville on tend et on rêve constamment des USA entre cette starlette et égérie d'un fromage qui se prend pour Marilyn, un flic local qui rêve d'intégrer le FBI ou des politiciens venus des États Unis. Poupoupidou est un film avec un univers assez particulier entre humour, ironie, nostalgie et gravité et c'est avec beaucoup de plaisir que l'on suit l'enquête de ce romancier à la fois pugnace, maladroit et finalement fou amoureux d'une jeune femme déjà morte. Jean Paul Rouve est formidable dans le rôle de David Rousseau tout à la fois paumé, cynique et mordant dans son regard sur les événements qu'il traverse faisant de lui une sorte de antihéros particulièrement touchant. Quand a Sophie Quinton qui interprète Candice Lecoeur elle offre toute la candeur, la fragilité, l'insouciance, la beauté provocatrice et la fêlure interne nécessaire à la crédibilité d'un rôle pourtant assez casse gueule et donne à son personnage l'épaisseur d'une figure tragique se perdant jusqu'au vertige à vouloir être une autre.
Bourré d'humour parfois absurde, nappé d'une vraie profondeur sur la mélancolie existentielle, servi par une intrigue solide et de formidables comédiens, à la fois grave et léger Poupoupidou est une très belle surprise aussi maligne que réussie.