Ca arrive tout le temps ici, c'est à cause de la neige.

Poupoupidou intrigue et rend son spectateur curieux. Car celui-ci cerne son identité avec difficulté. Aux confluents de plusieurs atmosphères et de différents tons qui peuvent dans un premier temps dérouter, le réalisateur Gérald Hustache-Mathieu picore et émaille son film de références disparates mais étonnament complémentaires.

Le plus évident est l'aspect polar, avec son Jean-Paul Ellroy qui traîne son syndrôme de la page blanche, son indolence et sa nonchalance dans les décors lunaires des paysages enneigés et perdus d'un Jura presque figé, comme hors du temps. Cet écrivain en panne d'inspiration trouve lui aussi son Dahlia Noir et enquête sur les conditions de sa mort, troubles et mystérieuses. Les investigations sont émaillées de flashbacks exposant des instants de vie de la victime, participant ainsi à une véritable autopsie d'une jolie jeune fille disparue bien avant sa mort. Disparue derrière un personnage qui lui a permis d'accéder à une célébrité toute relative et de devenir une autre. A l'image de celle à qui elle ressemble un peu, Marylin Monroe, elle se perd entre plaisir de la reconnaissance et abandon de ce qu'elle est, rééditant les erreurs de son aînée, laissant parler les élans du coeur de celle qu'elle était avant la popularité.

Emaillé de légères touches d'un humour pince sans rire, un peu décalé, le film convoque aussi quelques élans presque chabroliens dans la peinture du microcosme que constitue la bourgade de Mouthe, de celle de ses habitants et des petits seigneurs locaux gravitant autour de la jeune fille, qui fait l'objet de toutes les convoitises.

Sondant les failles de son héroïne et par la même occasion celles de son enquêteur nonchalant mais obstiné, Poupoupidou s'inscrit comme une sacrée surprise dans le paysage cinématographique français. Ni totalement comédie, comme le laissait redouter le nom de Jean-Paul Rouve à l'affiche, ni totalement polar, ni étude de moeurs au sein d'un village peuplé d'une galerie d'habitants pittoresques, Poupoupidou nous invite à suivre sa forme originale et à baigner dans son atmosphère un peu étrange pour en ressortir 1H40 plus tard heureux et conquis.
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le 11 mars 2015

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