C'est quand même un sacré spoiler que nous délivre le titre français de ce film. Fort heureusement, cela n'a pas trop de conséquence fâcheuse, puisque les premières minutes (voix off d'un soldat mort) viennent confirmer cet état de fait. Ainsi, Losey montre bien qu'il ne veut pas créer sensation, qu'il est là avant tout pour parler de la guerre.

C'est d'ailleurs le seul reproche que l'on puisse faire au film ; le scénario comporte quelques chutes de rythme car l'auteur est plus passionné par son sujet que par la rigueur d'écriture. Pour exemple, le verdict, connu dès les premières minutes, est confirmé 15 minutes avant la fin. Il ne reste alors plus qu'un amas de scènes touchantes, oui, mais qui ne portent plus sur l'objectif principal ; ce sont des prolongations intelligentes qui n'ont d'autre but que de porter un message humaniste. C'est beau, c'est touchant, c'est même bien écrit, mais l'objectif ayant été atteint (et échoué), le spectateur sera en droit de se demander pourquoi le film continue.

Autre détail, il s'agit ici d'un film de tribunal, un genre que moi même je ne porte pas en affection car c'est un peu toujours la même chose. Et bien Losey parvient à amener quelque chose d'original notamment grâce au contexte, et c'est ce qui permet de passer outre cette méfiance naturelle envers ce genre cinématographique. Chers lecteurs, ne vous découragez donc pas en prenant connaissance du genre de ce film (tribunal) c'est mieux que la plupart des films de ce genre qui suivront.

Si le scénario peut donc enrebuter plus d'un, la mise en scène reste irréprochable. On sent le fauché (j'ai d'ailleurs cru qu'il s'agissait d'un des premiers films de Losey) mais ça n'empêche pas le chef op' de délivrer des images superbes ; la photographie y est en effet très belle notamment grâce à une gestion exemplaire du noir et blanc, mais aussi par un découpage et des compositions intelligents. Les acteurs, enfin, sont tous très bons (on peut également saluer les doubleurs français qui ont fait un très bon travail), que ce soit le déserteur ou les soldats, chacun est à fond dedans.

Bref, pour l'exemple est un film divertissant, sympathique, qui souffre juste d'un scénario prétexte à délivrer des messages humanistes ; cela a pour conséquence que certaines scènes semblent décousues malgré la force intrinsèque de chacune. A voir.
Fatpooper
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le 18 nov. 2012

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