Mon titre donne l'essentiel de mon ressenti. La scène d'ouverture, pourtant capitale, est très mal mise en scène : on n'y voit goutte, on comprend très mal ce qui se passe ou plutôt comment ça se passe, ce qui arrive vraiment (pourquoi, par exemple, n'y a-t-il aucune prise de vue sous-marine de la scène ?), si bien qu'on a du mal à y croire. Et plus on avance dans le film et la connaissance de ses personnages principaux et moins on comprend comment un tel accident a pu arriver (à ce jeune homme "baraqué", plein de vie et bon nageur). Il n'est d'ailleurs même pas dit que le film fictionnalise des faits réels (à supposer que ce soit le cas).
Sinon, à part ces cinq premières minutes, j'ai trouvé le film bon et même très bon. C'est raconté sobrement. Les flashbacks sont intéressants. Toute la séquence qui évoque les deux fils encore enfants, partagés entre un père et une mère qui ne s'entendent plus parce qu'ils n'ont pas la même conception de l'existence, est très bonne, très juste, épurée. C'est le passage du film que j'ai le plus apprécié, mais le reste est bon aussi.
C'est raconté de façon minimaliste et on croit à ce qu'on voit, on oublie (presque) que c'est du cinéma.
Il faut dire que les acteurs font le job. Particulièrement, Karim Leklou (qui joue l'un des deux frères, Ismaël, l'aîné) ; c'est un acteur de la trempe d'un Grégory Gadebois et d'un Denis Ménochet, c'est dire ! Mais aussi Samir Guesmi qui, jouant le père, en fait une excellente composition. Laurent Lafitte , l'interprète tout en nuances du directeur (et général ou colonel ?) de l'école militaire de Saint-Cyr, complète mon podium.
Shain Boumedine, qui personnifie l'autre frère (et jouait dans Mektoub My Love), a certes un physique avantageux, mais comme acteur, il m'a semblé un ton en dessous des trois cités avant lui.
Le film, hormis le début, est plutôt bien réalisé par Rachid Hami (que je ne connaissais pas, mais dont c'est le huitième opus, si j'en crois Allociné). Son long métrage est à la fois émouvant et d'une grande retenue, d'une surprenante sobriété. Je dirais même que je l'ai trouvé classe, plein de dignité, convenable (par opposition à "pas convenable") et presque toujours juste. Mon éloge d'ensemble excepte bien sûr la séquence d'ouverture, dont je répète que je l'ai trouvée mauvaise, ratée ; ce n'est pas qu'elle sonne faux, mais elle ne montre pas vraiment ce qui s'est passé, elle est confuse, on ne la comprend pas (en tout cas, quand on ne voit le film qu'une fois).
Enfin, sans vouloir faire un procès d'intentions au film, son titre : Pour la France lui confère pas mal d'ambiguïté, son extrême retenue pouvant, de ce fait, paraître lourde de non-dits et d'insinuations vis-à-vis des institutions, notamment de l'armée (notre "grande silencieuse") .