Sur le papier Pour la France a tous les ingrédients d'un film explosif et passionnant. D'un côté nous avons une famille pauvre et immigrée, d'origine algérienne. De l'autre l'armée française et derrière elle bien sur l’État français. Le point d'orgue entre les deux c'est un tragique accident, inspiré d'une histoire vraie: la mort d'un jeune et brillant sous-lieutenant, après un bizutage à Saint Cyr qui a mal tourné . Raconté comme ça on s'attend légitimement à suivre une enquête palpitante mais forcément délicate car impliquant la grande muette dont le goût du secret et l'horreur du scandale ne sont un mystère pour personne. L’État sera t'il ou non déclaré in fine responsable ? L'affaire sera t'elle en tout ou en partie étouffée ? Dans le quelle mesure ? Autant de questions qui laissent entrevoir un long combat judiciaire . Sans oublier l'aspect David contre Goliath bien-sur. Quelle chance cette pauvre famille a t-elle face à une institution aussi puissante ?
Au lieu de ça, après un premier quart d'heure consacré à la présentation du drame (la mort de l'étudiant, l'information de sa famille par l'Armée), le film opère un soudain et irréversible revirement à 180 degrés pour devenir une sorte de chronique familiale rétro, baignant dans une atmosphère de douleur, de regrets et de nostalgie ou il est question essentiellement de l'absence du père. Il faut savoir que Pour la France est constitué à peu prés à 75% de flashbacks, ce qui est un peu frustrant pour le spectateur qu'on a d'emblée appâté avec la promesse de rebondissements qui pour la plupart ne viendront même pas. Mais au delà de l'aspect "tromperie sur la marchandise", le film est-il au moins réussi ? Ben malheureusement ce n'est même pas le cas. C'est étrangement statique, avec des dialogues remplis de clichés et des silences censés en dire long. En tout cas ça ne prend jamais vie. La mayonnaise ne prend pas comme on dit. Sans surprise, les seuls moments un peu intéressants sont ceux qui se déroulent dans le présent ou on retrouve ponctuellement notre affaire, mais ça ne doit pas représenter plus de vingt minutes mis bout à bout. Une déception que même l'excellent Laurent Lafitte, qui a trop peu de temps d'écran, ne parvient pas à estomper.
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