Pour la suite du monde est un documentaire québécois presque ethnologique mais qui pourtant évite le regard glacé du scientifique sur des hommes qui seraient considérés comme des petits insectes à observer. J'ai même envie d'utiliser le mot gentillesse, dans l'acception la plus noble du terme. Cette grande douceur du traitement de la "matière humaine " (qui justement n'est pas seulement, dans ce cas, une matière) est accompagnée de temps à autre de plans et courtes séquences poétiques, mettant en image la nature et l'atmosphère de isolée l'île aux Coudres. Les jeunes habitants tentent de reprendre une ancienne pratique locale abandonnée : la pêche aux Marsouins. Il s'agit d'abord d'en parler aux anciens, aux derniers l'ayant pratiquée. S'ensuivront débats tantôt amusants ou émouvants entre habitants et générations sur la possibilité de reprendre l'activité, sur les techniques de pêches, les origines de la tradition et sur divers sujets de croyances, voire de mini débats quasi poético-théologiques (la lune a t elle été créée pour la terre ou l'inverse ? Dieu a créé l'instinct de l'homme comme celui du marsouin...) ancrés dans un lieu (singulier) de nature et de foi. Autant d'occasions de dresser des portraits humains de personnages du coin et d'une communauté, encore une fois, avec une empathie singulière (mais simple, sans pathos). Et puis, on se prend aussi à se demander avec une curiosité grandissante si, oui ou non, ils les attraperont ces marsouins. C'est que ce film est subtilement arrangé comme un petit récit, malgré les jolies et diverses digressions.
PS : il est recommandé de se procurer une version avec les sous-titres français (c'est le cas en édition DVD ), car le parler de l'île (qui est aussi un des sujets du film) est parfois difficile à suivre pour un français lambda (que je suis).