Une œuvre majeure pour le Québec. Pierre Perreault et Michel Brault nous révèlent un joyau culturel du pays. Comme si la condition d’insulaire des habitants de l’Isle-aux-Coudres leur avait permis de conserver leur nature profonde, leurs couleurs propres. À commencer par la langue qui n’est pas sans rappeler celle des paysans de Molière. Les perles lexicales sont innombrables. Les personnages qui les expriment sont inoubliables. Pour le monde du cinéma, l’œuvre est un modèle au niveau de l’approche documentaire. Au début des années 60, la section française de l’ONF en était à ses premières armes et elle entend se démarquer. L’un des objectifs des cinéastes visaient à montrer les gens dans toute leur authenticité. Une des façons d’y parvenir fut de se rapprocher d’eux tant au niveau humain que technique. C’est-à-dire développer une complicité avec les intervenants au point qu’ils se sentent en toute confiance et qu’ils en viennent à oublier la caméra qui se promène parmi eux. C’est une telle démarche qui a mené à ce qu’on appelé plus tard le cinéma vérité. Mais la grande force de Pour la suite du monde est d’avoir intégré comme trame principale la résurrection de la pêche aux marsouins mortes depuis 1924. En même temps qu’il découvre les particularités culturelles d’une communauté, le spectateur suit avec intérêt le dénouement du projet. La relation entre l'homme et la nature donne à l’œuvre un caractère universel qui traverse le temps sans perdre de sa force évocatrice. Une histoire de pêche fabuleuse !