Sans fioritures: gros plan sur une mine, explosion. Les restes de l’épave d’un paquebot. Des requins. Et un canot. Le film a peu de moyens et ça se note. Mais, aucune importance. Le réalisateur, Richard Sale, plutôt habitué aux comédies familiales, rapproche la caméra des visages de ses protagonistes pour s’immerger au plus profond de leurs doutes et angoisses.
Choisi comme capitaine de ce radeau d’infortune parmi une vingtaine de survivants, Tyrone Power, dans l’un de ses derniers rôles mais également l’un de ses plus poignants, devra faire des choix car tous ne pourront survivre. Une infirmière, une bourgeoise libérée et aguicheuse, un général à la retraite, un chien et son maître, une famille (père, mère et enfant), quelques blessés, quelques hommes accrochés au canot de sauvetage, quelques membres d’équipage, quelques civils (un physicien, un dramaturge, un millionnaire, une vieille chanteuse d’opéra…). 17 survivants dans le canot et 9 accrochés au plat-bord.
L’espoir fait rapidement place à l’angoisse, l’angoisse à l’instinct de survie.
La tension se fait crescendo. Le scénariste, Richard Sale lui-même, distille les moments de tragédie et d’épuisement émotionnel avec brio. Les confrontations entre les différentes personnalités, puis, à mesure que l’eau potable s’épuise, que la tempête se fait menaçante, les décisions à prendre. Perdre la moitié des survivants ou les laisser tous mourir? Qui sauver? La loi du plus fort ou les préceptes d’une morale civilisationnelle? En tant que survivant, doit-on se réjouir d’avoir survécu? Quel est le poids de la responsabilité, des remords?
Le film lui-même se termine par une question posée au spectateur. À lui d’y répondre.