Encore une réussite majeure à rajouter à la carrière du comédie-cinéaste qui synthétise toutes les qualités de ses films : un scénario bien construit qui repose sur ses personnages ; un mélange de dureté et d'humanisme, de violence et de tendresse ; une interprétation sobre et subtile ; une reconstitution juste ; une mise en scène sophistiquée bien que discrète.
Construit en 2 actes principaux (l'arnaque signant son déchéance et son rachat), ses 45 minutes sont pleinement exploitées pour rendre crédible les différentes évolutions de William S. Hart et faire vivre plusieurs seconds rôles.
Encore plus que dans The gunfighter (qui accompagnait ce film à la Fondation Pathé), le contexte historique est exploitée judicieusement via des émigrants englués dans le désert qui cherche le salut auprès de Hart devenu le chef d'un gang. Le choix des décors est remarquable avec ces bâtisses construits au sommet de dunes, surplombant le désert et renforçant le rang des deux personnages principaux. La partenaire Bessie Love apporte un contre-point parfait par une présence lumineuse sans être aussi virginale et idéalisée que chez les Griffith de cette période.
Ce qui est brillant, c'est que malgré ses 100 ans, le film semble éviter nombre de clichés du western à l'image d'une conclusion qui refuse le spectaculaire et l'ultime morceau de bravoure pour choisir un apaisement presque aussi dépouillé que lyrique ; le tout avec une tranquillité et une assurance à hauteur d'hommes.
C'est qu'en rentrant que j'ai tilté que le titre français est Pour sauver sa race que Louis Delluc cite en boucles dans ses articles.
Le film revient de loin et sa survit est encore bien précaire : à part quelques fragments, il était considéré comme perdu avant d'être retrouvé très récemment dans une copie issue d'Argentine qui avait écarté les éléments les moins tendres avec les Mexicains. Elle est en plus en 16mm, bien rayée et zoomée, coupant le haut et le bas de l'image. Faudra s'en contenter et on s'en contente largement.