Ainsi, mon ascension dans l'univers des westerns spaghettis commence par Sergio Leone, débute avec Pour une poignée de dollars, le premier western que je vois du réalisateur, si on ne prend en compte Il était une fois en Amérique ou Mon nom est personne, en collaboration avec Sergio Leone. Donc, ma découverte des westerns, avec l'entrée dans l'univers de la musique de Ennio Morricone, débute seulement maintenant. Et c'est incroyable, fou, extraordinaire. Je suis aux anges.
D'abord, on ne peut nier l'extraordinaire photographie, la beauté des images, le ton des couleurs, la beauté des plans tous plus beaux les uns et que les autres.
On ne peut nier non plus l'exaltation des gros plans sur les visages, la profondeur des peaux, la magnificence des regards qui s'échangent en douce. Ainsi, la grande composition des cadrages, des plans, stupéfie, et c'est extraordinaire, fou, fracassant.
On ne peut nier la classe infime de Clint Eastwood, même muni de son poncho vert qui a l'air un peu chaud avec toute cette chaleur. Clope en bouche qui se désagrège entre ses doigts, il épi du regard, le lointain, les autres.
On ne peut nier encore, l'évidente somptuosité de la musique, digne, incroyable d'humilité, de grandeur, de soumission. Je pense alors à cette scène incroyable, d'une dignité exquise, foudroyante, bouleversante au point de se retrouver la gorge sèche, les yeux humides, l'émotion qui se tient entière, droite au creux de la gorge, et tout vacille.
La femme est là parmi les nombreux hommes prêts à tirer au loin. Alors on crie, c'est un enfant. Il crie et il appelle "Maman !". C'est déchirant. Les gros plans sur l'enfant bouleversant de candeur, les gros plans sur les sales types prêts à tirer quoi qu'il arrive. Le suspens dans les regards, dans la musique qui se tient à la perfection, au bon moment. La somptuosité, la beauté déchirante d'une scène où tout ne tient que par un fil, l'enfant qui court rejoindre sa mère au bord des larmes, et finalement non, les sales types ne tirent pas, la lueur dans leur regard, l'enfant devant leur yeux, l'hésitation. Démunis qu'ils sont les salauds, devant l'enfance candide, pure, éternelle.
Ici, l'humain reste humain, même s'il est prêt à tirer sur une femme en pleurs. Le cœur vacille et tout le monde reste coi, le monde entier ne bouge plus, il n'y a que l'enfant et sa mère dans les bras l'un de l'autre, en pleurs, réunis, enfin.
Clint Easwood, lui, regarde, ne dit rien. Observe, plonge son regard dans celui de la femme, reste accroché à sa beauté.
Malgré la justesse de nombreuses scènes, la perfection de la mise en scène, il y a parfois un peu de longueur. Des scènes d'affrontements qui prennent trop leur temps, ou du moins deviennent un peu molles, mais pour un peu de temps, seulement.
Pour quelques dollars de plus ne claque pas comme Mon nom est personne, de part son rythme insoutenu, étrange. Mon nom est personne lui, avance tout du long comme une incroyable partition de musique, construit tout en rythme.
Ce type de film est foudroyant, et les films de Scorsese fonctionnent également ainsi, de même que chez Tarantino, dont je connais moins bien le cinéma.


Ainsi, c'est dans la composition des plans, dans les cadrages, dans l'esthétique de l'image, dans les gros plans que Sergio Leone excelle le plus.

Lunette
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste JE VEUX VOIR DES WESTERNS

Créée

le 13 juil. 2015

Critique lue 261 fois

1 j'aime

Lunette

Écrit par

Critique lue 261 fois

1

D'autres avis sur Pour une poignée de dollars

Pour une poignée de dollars
DjeeVanCleef
8

Le Bon.

C'est en 1946 que le jeune Leone entre dans l'industrie cinématographique. Par la petite porte mais dans un grand film. Il devient assistant bénévole sur « Le voleur de bicyclette » de Vittorio De...

le 23 juil. 2014

86 j'aime

14

Pour une poignée de dollars
Sergent_Pepper
8

There’s a new man in town, and a new eye in frown.

Revoir Pour une poignée de dollars après des années de décantation de l’esthétique Leone a quelque chose de troublant : dès les origines, tout est là. Le western est ici à son tournant, récupéré par...

le 5 déc. 2014

85 j'aime

7

Du même critique

Ma vie de Courgette
Lunette
9

De la pâte à modeler qui fait pleurer

La question, d'emblée, se pose : comment trois bouts de pâte à modeler peut bouleverser à ce point le petit cœur du spectateur ? Comment une tripotée de grands yeux d'enfants fatigués et dépressifs...

le 27 oct. 2016

30 j'aime

Bagdad Café
Lunette
8

Lumineuse ironie

Bagdad Café ou l'histoire d'une époque, de celle défroquée d'une Amérique souillée, paumée, au comble de l'absurde. C'est ce café qui ne sert plus de café parce que l'un des mec a oublié de racheter...

le 18 mai 2016

28 j'aime

10

Taxi Driver
Lunette
10

La radicalité d'un monde

D'abord, la nuit. La nuit avec ses rues glauques, ses voitures balayant les jets d'eau venus nettoyer les vitres sales. D'abord, la nuit. Avec ses putes à tous coins de rues, ses camés, drogués,...

le 2 mars 2015

28 j'aime

10