Pourquoi tu pleures ? par goldie
« Ancien gros », « flemmasse », « vrai pote » sont les premiers épithètes que les vieux copains du personnage incarné par Benjamin Biolay lui collent dès la scène d'ouverture. Mais à ces glorieux atouts, le film ajoute une dimension supplémentaire, pierre angulaire de son scénario : l'indécision ; ou comment son incertitude maladive (sans être névrotique) le pousse dans une fuite en catastrophe vers ce réconfort qu'est son mariage proche. Les niaiseries usuelles autour de cette cérémonie vue et revue se trouvent ici battues en brèche : humour qui fait flèche, ruses payantes (notamment Anna l'introuvable fiancée, comme l'inconnue de l'intrigue) malgré des interprétations parfois trop lisses.
Deux points forts indéniables mettent en balance l'énergie de ce premier film, plus habile que son affiche ne le laisse paraître. D'une part, le rôle de cette sœur responsable et caractérielle, merveilleusement tenu par Emmanuelle Devos ; c'est à elle seule que tiennent nombre de sourires, tout en incarnant une telle force motrice qu'elle en éclipse presque les instables qui l'entourent. D'autre part, le film déboulonne les clichés du mariage mixte : jamais tendancieuse, la mise en scène de la belle-famille kabyle fait preuve d'une appréciable sobriété teintée de douceur. Ces aspects permettent de revigorer à plusieurs reprises la trame principale sans l'alourdir.
Bien qu'il arrive au film de pécher par « manque de recul » caractéristique (bande de copains un peu simplets, rythme irrégulier), celui-ci demeure une agréable surprise dans un paysage humoristique français qui ne se distance jamais assez du sketch pénible à grosses têtes d'affiche (Dubosc, Boon, Merad). S'il n'illumine pas le genre, il parvient tout de même à mettre en relief ces hésitations qui pèsent dans une vie au point d'en aspirer tous les recoins, sur la confusion induite par les options que d'autres ont choisies pour le marié, et enfin sur les béquilles à cette indécision qui pousse dans le vide.