Prayers for Bobby est un film qui m’a bouleversée par la force de son sujet. Si le film aborde le drame du rejet de l’homosexualité, cela touche aussi le rejet de la différence de toute personne qui n’entre pas dans le cadre de ce qu’une société ou la religion considère comme « bien » et « normal ».
Bobby c’est un jeune homme vivant dans une famille unie dont la mère est une presbytérienne convaincue et endoctrinée… Lorsqu’elle apprend que son fils est homosexuel, son univers s’effondre. Car selon sa lecture littérale de la Bible, l’homosexualité est une abomination qui conduit à l’enfer. Elle est obsédée par cette pensée et elle veut sauver son fils du péché et de la mort. Mais cette femme n’est pas seulement intégriste, c’est aussi une femme forte qui contrôle les autres: de ses enfants à son mari. Elle prend donc la situation en main et met en place tout ce qu’il faut pour sauver son fils de son péché et de sa « maladie ». C’est elle qui décide « qui » est son fils, ce qu’il est et ce qu’il n’est pas : « il n’est pas homosexuel ». Elle sait même ce que Dieu fait ou va faire ! « Dieu guérira Bobby », « Il t’aidera à guérir », « Ta nouvelle vie sera guidée par l’Esprit Saint », difficile d’aller plus loin dans la toute puissance ! Elle met en place tout un programme pour aider son fils à guérir : affichage de versets bibliques à travers toute la maison, rencontre avec un psychiatre, organisation de sortie avec une ravissante jeune fille… Face à cette pression exercée sur lui, le déni de ce qu’il est, le manque d’écoute, Bobby étouffe, vit un profond désarroi et lutte avec un sentiment de culpabilité.
Toute cette partie relève d’une grande violence psychologique difficile à soutenir. Je suis croyante, mais j’ai un tout autre rapport à la foi et ce comportement me révulse littéralement. Ce n’est malheureusement pas fictif, c’est bien une position religieuse qui existe. D’ailleurs ce film est tiré d’une histoire vraie.
Heureusement j’ai de nouveau respiré sur la fin… La dernière partie est bouleversante. La mère suite à un événement tragique est amenée à revoir entièrement sa lecture de la Bible, la compréhension qu’elle en a, sa représentation de Dieu. Mais elle est amenée aussi à changer complètement son regard sur son fils :
Mon fils a toujours été différent. Depuis sa conception. Je le savais. Je le sentais. Je sais maintenant pourquoi Dieu ne l’a pas guéri. Il ne l’a pas guéri… parce qu’il était tout à fait normal.
Un cheminement radical et douloureux qui fait d’elle une autre personne.
Sigourney Weaver qui campe la mère est très convaincante dans son jeu aussi bien dans son fondamentalisme que dans son questionnement douloureux puis son retournement radical. Un très beau film.