Après le livre, le film... Rater l'adaptation d'un livre déjà raté lui-même, il fallait le faire... Pour une raison obscure, on a opté dans ce film pour une photographie léchée, hyper colorée et saturée à fond, ce qui donne un espèce de monstre hybride glauque (comme le livre) mais super propre sur lui, genre "dansons des claquette sur le thème du viol". Résultat : ça ne sonne pas juste, mais alors pas du tout ! C'est un peu high school musical mais dans une école de la deuxième chance.
Le film fait semblant de jouer dans le politiquement incorrect. On a choisi une grosse ! Ca, c'est badass, et ça a beaucoup plu aux journalistes quand le film est sorti. Qu'on se rassure tout de même, tout le reste du casting est beau pour équilibrer la balance. On a même poussé le vice jusqu'à prendre Mariah Carey pour faire l'assistante sociale. Que de la gueule, donc.

Je déplore chez le réalisateur, comme je le déplorais chez l'auteur, la profonde méconnaissance des méthodes l'alphabétisation. Premier cours : tac, la formatrice entre en matière en écrivant son nom au tableau !! WTF ?! En voilà une idée qu'elle est bonne ! Et si pour mettre en confiance mes élèves, je les renvoyais directement à ce qui les angoisse le plus : l'écrit !! Ensuite, elle continue sur sa bonne lancée : leur apprendre l'alphabet dans l'ordre et tout. Ca devient d'ailleurs le credo de l'héroïne, fière d'apprendre son abécé. Parce que c'est bien connu : l'ordre alphabétique c'est le truc de base hyper important à enseigner. C'est académique, tout le monde s'y retrouve, le spectateur n'est pas perdu, ça lui rappelle le CP et il n'a pas besoin de faire trop d'effort pour comprendre ce que cela signifie d'être analphabète. Rassure-toi spectateur, l'analphabète, tout ce qu'il lui manque, ce sont les lettres de l'alphabet. Une fois qu'il a ça, c'est bon, il peut écrire. Et on enchaîne sur les cours suivants qui consistent à forcer les élèves à écrire. Quiconque a déjà été formateur dans une classe d'alphabétisation sait combien c'est d'une part impossible, et d'autre part très castrateur pour l'apprenant. Mais peu importe et tout le monde s'en fout puisque l'objectif de ce film n'est pas de nous parler de la véritable misère sociale et culturelle. Non, de toute évidence, l'objectif est ailleurs, on n'est pas là pour parler de vrais sujets graves. Le misérabilisme n'est qu'un prétexte pour faire un film qui se vendra bien. "Un film de genre" comme j'ai pu lire dans certaines critiques presse. Il a bon dos, le film de genre. Tout ce que je vois, c'est un film qui surfe sur la vague du réalisme social. Sans succès.
Parquette
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le 20 mai 2011

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