Jungle urbaine.
A l'instar d'un "Robocop 2" sorti à la même période, "Predator 2" traîne une réputation merdique de suite de seconde zone, complètement bouffée par l'aura de son prestigieux modèle. Injuste, tant le...
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le 8 avr. 2013
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Alors que Predator a rencontré un succès assez intéressant, les studios ont bien l’intention de battre le fer tant qu’il est chaud et d’y proposer une suite, une suite sans sa star Schwarzenegger, par un réalisateur dont le seul travail notable fut Freddy 5 et dans un environnement urbain complètement inédit, aux antipodes de la jungle du premier film. Pour beaucoup, c’est une suite décevante sans surprise mais pour d’autres une suite méritante souffrant de la comparaison avec son modèle et qui ne manquait pourtant pas d’idées et de qualités. Alors, voyons de quel côté je me trouve :
Inspiré par un comics Predator reposant sur ce dernier lâché dans une métropole américaine, le film se projette en 1997 dans un Los Angeles où les bandes criminelles répandent une violence filmée par les médias avec sensationnalisme, ignorée par des politiques déconnectées de ces problématiques, combattu péniblement par une police empêtrée par la bureaucratie, faisant souffrir une population civile qui en vient s’armer pour se défendre elle-même… ce qui amène quelques critiques intéressantes sans qu’elles ne soient non plus particulièrement développées.
Le film se veut d’abord et avant tout un divertissement rythmé et assumé plutôt qu’un survival anxiogène, et si c’est une direction différente du premier film elle ne me semble pas inintéressante du tout. Les punchlines nanardesques, les surjeux décomplexés, les faux jumpscares, les clichés grotesques… parsèment le récit et ce n’est pas totalement sans lien avec ce que faisait le film de McTiernan dans sa première partie. Néanmoins, si Danny Glover fait très bien le travail comme flic bourrin tandis que Bill Paxton fait très bien le comique lourdingue, on ne peut pas dire que le casting global soit à la hauteur du premier long-métrage.
L’attitude du Predator dans le film vient conforter les bases posées par le précédent film avec ses motivations de chasseur attiré par la chaleur et la violence, recherchant le défi d’affronter les meilleurs guerriers qu’ils trouvent, ignorant les personnes sans défense… avec cette petite variation avec un spécimen plus jeune et donc plus joueur que son prédécesseur. C’est pour moi l’essentiel que doit accomplir un film de la franchise, qui porte le nom de cette créature, et le contrat est rempli à mes yeux ici, ce qui ne sera pas toujours le cas dans cette saga.
L’ajout d’un crâne de Xénomorphe à la collection des trophées exposés en fin de récit a permis d’étirer grandement son univers de manière très subtile et intelligente puisque c’est à partir de là que naîtra Alien VS Predator sous différents médias jusqu’à impacter, pour le meilleur comme pour le pire, les futures productions Predator. Et on peut dire la même chose pour l’arme issue du XVIIIème siècle qui se trouve en la possession d’un Predator, induisant la possibilité de retrouver des films dans un contexte historique, même s’il fadura plus de 30 ans pour que l’idée fasse son chemin chez les producteurs…
Alors certes, le récit de Predator 2 peut paraître grossier, caricatural ou encore maladroit au premier abord mais il peut-être aussi plus subtil, plus intelligent, plus respectueux qu’il n’y paraît. Je serai donc plutôt clément à son égard à ce sujet et serait tenté de voir dans ses critiques négatives une certaine incompréhension ou inacceptation de ses choix audacieux même si je peux parfaitement comprendre que l’on n’apprécie pas cette proposition. Reste toujours à savoir si je trouve la forme au moins aussi intéressante que le fond.
Le décor urbain de Los Angeles, remplaçant le New York du comics, offre un terrain de jeu bien différent pour le Predator, sous-exploité au début du film qui s’enferme trop dans de petites pièces mais beaucoup plus intéressant par la suite avec le métro, l’abattoir ou encore l’immeuble. Ces différentes scènes jouent sur l’éclairage, la température, la verticalité des lieux pour impacter la mise en scène, respectant les idées du premier film tout en en injectant de nouvelles et pas des moins ambitieuses, s’offrant même quelques références à des productions d’action de l’époque comme le héros piégé dans une cage d’ascenseur à la manière d’un Die Hard.
De nouvelles idées proviennent aussi de l’armement du Predator qui reprend des éléments du premier film, commençant par les rendre immanquablement iconiques, tout en y ajoutant des armes assez variées, d’une simple arbalète légère offrant une variation au tir classique à des armes plus originales comme ce fusil lanceur de filet se rétractant jusqu’à découper sa prise. De la même manière, l’existence de plusieurs modes de vision offre des perspectives intéressantes même si ça pose quand même une petite interrogation avec le premier film dont le masque semble très semblable mais qui paraissait dépourvu de cette possibilité, mais comme le masque peut être après tout différent, voire peut-être même amélioré suite à la défaite du premier Pradator.
Malheureusement, le manque de maîtrise du cinéaste et son souci constant de démultiplier les plans pour rythmer l’action la rend assez peu lisible la plupart du temps. Le montage rapide et la chorégraphie brouillonne ne font pas bon ménage et la générosité du film à montrer des affrontements fréquemment se retourne un peu contre lui. Je dis un peu seulement parce que ce n’est pas catastrophique non plus, mais la comparaison avec Predator 1 est inévitable et ça joue incontestablement en la défaveur de ce déluge d’action pas très digeste.
On retrouve le niveau de violence du premier film avec les gerbes de sang, les cadavres dépecés… et elle y est même plus répandue, ce qui va très bien avec l’aspect généreux et décomplexée de l’action et toujours en respectant le comportement du Predator tel qu’il était montré jusqu’ici. On peut trouver ça un peu grossier et gratuit par moment bien sûr, je le comprends très bien, mais ce n’est pas un souci pour moi. Néanmoins, ça a pu en causer au monteur qui a dû retravailler la version finale à de multiples reprises pour respecter la législation américaine sur la violence, ce qui est sans doute dommage.
L’OST va reprendre les thèmes principaux dans des versions plus tribales, très bien en accord avec le design toujours plus félin du Predator dont le costume est beaucoup plus détaillé. En conséquence, ça renforce l’aspect caricatural qui peut être reproché au film mais le tout est cohérent au sein du film, pleinement assumé du début à la fin et a le mérite d’être à la fois différent et rattaché au travail de McTiernan, je n’ai donc pas trop de problème avec ça. C’est vraiment ce manque de maîtrise dans la mise en scène qui me fait limiter mon appréciation de cette partie du film car ça gâche un peu tout le travail abattu à côté.
Moins rentable que son prédécesseur alors que 2 fois plus cher et pas très bien accueilli par les critiques, le semi-échec de Predator 2 va plonger la licence en sommeil pour presque 15 ans avant que celle-ci ne rejoigne définitivement la saga Alien avec Alien VS Predator. Ce n’est clairement pas mérité à mon sens car si le film est bien de qualité moyenne en prenant la direction d’un divertissement nanardesque assumé pas toujours maîtrisé, il apporte avec lui quelques idées de mise en scène sympathiques, il respecte profondément sa créature Predator, il tente une suite différente des attentes et il se regarde très facilement grâce à son rythme endiablé.
Créée
le 11 nov. 2024
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