Merde.
Je me refuse à voir un Predator comme un allié possible de l'être humain, c'est juste une aberration ! Tu t'allierais à un lapin toi ? Non car tu n'es pas con, donc, pourquoi s'évertuer à les faire...
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le 7 oct. 2013
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Après un Alien VS Predator Requiem raté, le projet de poursuite ce cross-over est abandonné au profit de nouveaux filmés centrés chacun sur leur univers respectif. Predators voit ainsi le jour, mais les producteurs sont loin d’être confiants. Ainsi, c’est un Nimrod Antal, s’étant déjà essayé sans grand succès à l’horreur et à l’action avec Motel et Blindés, qui doit reprendre la franchise avec un budget limité. Il annonce pourtant une aventure sur une planète extra-terrestre et un décor proche du premier Predator, de quoi y croire un peu, voyons cela.
Avec le même budget qu’AVP Requiem, 40 millions de dollars, inutile d’attendre un miracle même si là encore, ça peut être suffisant et surtout meilleur que le précédent film à l’éclairage catastrophique. Bon déjà, la jungle aussi luxuriante qu’étouffante fait donc son grand retour comme décor dans un film avec Predator et elle se paie le luxe d’être loin d’être moche, profitant de la beauté naturelle d’une jungle Hawaïenne, assez originale. Heureusement, parce que ce n’est pas le reste des décors qui feront le job, entre les intérieurs très ternes et le ciel de science-fiction vraiment pas très détaillé alors que pourtant montré vraiment pas très longtemps.
Malheureusement, ce budget « restreint », au regard des normes d’un blockbuster d’Hollywood de l’époque, Expendables en ayant par exemple le double 2 mois plus tard, a poussé l’équipe à mettre de côté beaucoup d’idées de créatures et paysages extra-terrestres pour se concentrer sur cette jungle et les Predators qui sont un peu différents visuellement de leurs prédécesseurs, mais sans plus. En résulte une direction artistique très peu originale et pas particulièrement magnifiée avec même quelques plans sur la jungle gâché par une mise en scène burlesque captant toute l’attention, comme lorsque nos personnages marchent gentiment à la file indienne avec le comique du groupe qui rattrape le mouvement derrière.
Plusieurs plans directement repris du premier film souffrent systématiquement de la comparaison tant ils semblent forcés, les idées de mise en scène originales ne sont ni nombreuses, ni de grande qualité. C’est très bien de vouloir être respectueux d’une œuvre originale mais ça doit être fait en élevant le niveau ou en y apportant quelque chose d’un minimum propre au film. Parce que là, en regardant Predators juste pour les images je ne peux que me demander pourquoi je ne regarderai pas Predator 1 à la place, et c’est tout de même un peu triste.
La plupart des affrontements sont assez peu inspirés avec les Predators comme les humains pouvant tirer à côté en pagaille, une même technique très basique utilisé 2 fois pour venir à bout d’un Predator, un combat entre Predators prenant la forme d’un combat au corps-à-corps très peu chorégraphié… Même AVP Requiem avait embarqué avec lui quelques idées inédites, comme le fouet. Là, le drone aérien en forme d’oiseau pour le repérage est plutôt une bonne idée, tout comme les bêtes commandées par un simili maître-chien, mais assez peu en est fait et c’est bien dommage parce que c’est tout ce que l’arsenal Predator comprend d’inédits, bien peu donc.
Quant à l’OST et les bruitages, et bien c’est à peu près la même problématique que pour les images, trop proches des originaux pour s’en distinguer, pas assez qualitatives pour que ça puisse suffire. On peut simplement se consoler en disant qu’avec des moyens limités, le résultat final est passable mais si l’on attend plus qu’un fan-service simpliste, on ne peut que rester sur sa faim. Et j’aimerais beaucoup dire que scénario et narration vont relever le niveau, mais je pense que vous vous doutez déjà que ça ne sera pas le cas.
Le synopsis ressemble à une mauvaise blague : un mercenaire américain, un criminel Mexicain, un Yakuza, un rebelle de Sierra Leone, un commando russe, une tireuse d’élite israélienne… se retrouvent dans une jungle extraterrestre à vivre les événements de Predator 1, à savoir se faire traquer par la dite créature. A partir de là, il faut prendre ce film pour ce qu'il est, comme un nanard qui cherche à se faire divertissant avec du fan-service en renfort, et franchement ça aurait très bien pu marcher. Predator 2 s’en était pas trop mal sorti dans un registre assez proche mais autant le dire d’emblée, c’est raté.
Déjà, le point de départ du scénario comprend beaucoup d’incohérences et de questions laissées sans réponse. Comment les humains ont été sélectionnés et amenés sur cette planète alors que pour certains, rien ne laissait supposer qu’ils pouvaient être bon combattants et/ou facilement atteignables par un Predator en visite furtive sur Terre ? Comment est-il possible que l’on soit bel et bien sur une autre planète mais que celle-ci comprenne des plantes parfaitement identiques à la Terre ? Pourquoi laisser des personnages beaucoup moins armés que d’autres alors que tout l’intérêt de ceci semble être de se mesurer à un combattant au meilleur de sa forme ?
La plupart des personnages ne sont quasiment pas développés avec beaucoup de répliques ne dépassant pas le stade de l’exposition de ce qui se passe, le concept de combattants violents pouvant donner lieu à des antihéros aux motivations troubles est à peine exploitée, la barrière de la langue et les différentes culturelles ou de doctrine de combat sont à peine prises en compte dans l’intrigue… Pourtant le rythme est loin d’être endiablé avec juste beaucoup de dialogues mal écrits et bien sûr ce sont les blancs qui bénéficient de la plus grande représentation et des rôles principaux qui eux sont un peu mieux.
En effet, c’est du côté des personnages principaux qu’on trouve sans doute les personnages les plus travaillés, la dualité entre la nana idéaliste et le mec pragmatique. Là encore c'est le cliché, le garçon est fort, la fille est sensible mais je trouve que ça marche à peu près, les deux acteurs sont biens dans leur rôle et je dois avouer les avoir apprécié, ça vole pas bien haut non plus on est bien d'accord. Malheureusement Adrien Brody remplace un peu dans l'esprit Schwarzenegger et forcément il n'y arrive pas trop en comparaison pour des raisons évidentes, un autre acteur pour ce même rôle ou un rôle pensé différemment aurait été judicieux.
L’idée centrale du film se trouve en fin de récit mais là encore elle est maladroite et n’apporte pas grand chose :
L’espèce Predator affrontée est une espèce différente des Predators vus au cinéma jusqu’alors, mais ça ne colle pas vraiment avec leur comportement tout du long du film qui semble plutôt correspondre au comportement de leur prédécesseur. On a un peu de mal à voir où ça veut en venir au-delà de montrer une gueule surprenante en fin de film. Il y avait pourtant beaucoup à dire sur la hiérarchie des Predators et les conflits qui peuvent se produire entre différents clans par exemple, mais en l’état il est très difficile de tirer quoique ce soit à partir des éléments fournis par le film.
Si la proposition était initiale d’un divertissement fan-service n’était pas sans intérêt, finalement nous sommes face à un hommage manqué de Predator 1 avec une équipe moins charismatique, un scénario moins cohérent, une mise en scène moins inspirée, une direction artistique moins marquante… Bref, c’est Predator en moins bien sur tous les plans et j’espère tellement mieux de la franchise que je ne peux qu’être sévère à l’encontre d’une proposition aussi peu originale et surtout peu aboutie.
Créée
le 6 févr. 2016
Modifiée
le 17 nov. 2024
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