Fin des années 90. John Travolta est revenu sur le devant de la scène grâce à Tarantino et son Pulp Fiction puis a enchainé de très bons films d'action avant le nouveau passage dans l'oubli. Quelques films mineurs supplémentaires à sa filmographie en dents de scie. Et Préjudice en fait partie. Tiré d'une histoire vraie, le film narre comment un avocat a coulé sa boîte pour se battre contre un monde juridique sale et corrompu. L'histoire s'avère passionnante bien qu'un poil trop alambiquée dans ses discours juridiques complexes.
Mais cet impossible procès contre les dirigeants d'une société industrielle ayant causé la mort de plusieurs enfants reste très bien mené dans le fond, avec cette vision dévoilée de la corruption, des messes basses, des techniques d'avocats et de ce qu'est réellement un procès : un combat entre deux clans, peu importe si justice ou injustice il y a. Travolta est ici brillant, convaincant, touchant même parfois, suivi de près par le toujours aussi malicieux Robert Duvall, très sournois dans la peau de son rival expérimenté, ainsi que par William H. Macy (bluffant), Željko Ivanek et Tony Shalhoub.
L'évolution des personnages est très bien traitée et l'on sent une vraie mise en abîme souhaitée pour le spectateur. Sauf qu'elle est maladroite. Car fort de son Oscar pour le scénario de La Liste de Schindler, le réalisateur-scénariste Steven Zaillian nous livre ici un film ennuyeux, languissant, qui manque sévèrement de punch pour nous scotcher. En soi un film de procès n'est pas très rebondissant mais certains surdoués ont prouvé qu'ils pouvaient être hypnotiques (n'est pas Sydney Lumet ou Coppola qui veut).
Ainsi c'est surtout au niveau de la mise en scène que Préjudice va décevoir et demeurer raté. Sans aucune tension ni réelle émotion palpable, le film va du point A au point Z sans rebondissement surprenant. Sans toutefois être barbant, le long-métrage n'en est pas pour autant exaltant, la faute à un rythme d'une platitude impressionnante, d'une photographie morne au possible et, encore une fois, d'une mise en scène presque télévisuelle.