De l'influence des heptapodes sur la vie personnelle de leur interlocutrice & le futur de l'humanité

Le fil de l'histoire est parfois difficile à suivre du fait de la technique narrative employée : on passe d'un niveau de réalité à un autre (complètement différent) en un centième de seconde (un cut), avec un curseur temporel tantôt dans le passé, tantôt dans le présent, tantôt même dans un futur appréhendé de façon humainement inexplicable. Mais loin d'être rebutés par une narration dont la logique nous échappe, on trouve ça d'autant plus passionnant. C'est un peu le miracle du film.
Ça se passe au Montana, un des États-unis d'Amérique qui jouxte la frontière canadienne. Louise Banks (Amy Adams), professeur d'université et linguiste de réputation mondiale (ce que le spectateur ne réalisera qu'à la fin du film) joue avec une (sa ?) petite fille, dont elle évoque la vie en pensée, nous disant que le début de celle-ci est presque concomitant d'un événement sensationnel d'il y a quelques années : l'arrivée d'un imposant et mystérieux véhicule extraterrestre à proximité de la ville où elle enseigne. En moins de cinq minutes, le film est lancé, on est en plein dans l'histoire, une histoire très belle, spéciale, déconcertante, encore une fois très mystérieuse, passionnante et... pendant deux heures, on va être scotchés par son déroulement.
Le scénario, tiré d'une nouvelle de Ted Chiang ("L'Histoire de ta vie"), est adapté au ciné par Eric Heisserer (de façon apparemment alambiquée mais c'est, on va dire, voulu par l'histoire) et mis en scène (ô combien magnifiquement, intelligemment !) par Denis Villeneuve (Incendies, Prisoners, Sicario), avec des images d'une grande beauté, à la fois naturelles (ça ne sent pas le trucage à plein nez comme, par exemple, dans Rogue One) et saisissantes.
On suit l'histoire fébrilement, on y est un peu perdu, on essaie de comprendre, on ne sait absolument pas où on va, on est incapable d'anticiper quoi que ce soit. C'est raconté du point de vue de la linguiste. La relation de cette très délicate et périlleuse prise de contact (dont la charge l'Armée américaine en la personne d'un certain colonel Weber / Forest Whitaker) avec les extraterrestres (de très impressionnants heptapodes) est périodiquement interrompue, dans l'esprit de Louise Banks (célibataire lors de cette prise de contact), par des images d'une petite fille et on cherche à comprendre le pourquoi de ces interruptions et le lien qu'il peut exister entre cette petite fille (sur laquelle on a aucune certitude) et les aliens. On n'y parviendra qu'au bout des deux heures, voire une deuxième vision (car la pleine compréhension de l'histoire est assez trapue). Bien entendu, on cherche également à savoir ce que ces douze vaisseaux aliens (car il y en a douze, répartis aux quatre coins de la planète) viennent faire sur Terre, quelles sont les intentions (touristiques ? scientifiques ? belliqueuses ? ou... ?) de ces aliens, donc comment communiquer avec eux (problème que doit résoudre Louise Banks) et, par dessus tout, comment tout cela va tourner.


Voilà, je n'en dis pas plus. Je vous laisse le plaisir de découvrir le reste. Perso, j'ai adoré. Si bien que je fais du film de Villeneuve mon n°1 de l'année. Le restera-t-il jusque fin décembre ? N'ayant pas une connaissance heptapodesque de l'avenir, je n'en sais rien, mais cela me semble fort probable.
Je le vois aussi, s'il participe à la compète, oscarisé en février prochain.


P.S. 8 nominations aux Oscars 2017, mais un seul obtenu.


Sinon, j'ai eu, depuis la publication de ma critique ci-dessus en décembre 2016 et au fil des mois, l'impression que par souci de ne pas spoiler l'histoire, je n'avais pas suffisamment révélé mon interprétation du film pour que tous mes lecteurs la comprennent. J'y reviens donc presque deux ans et demi plus tard.
Quand le film commence, Louise Banks est devenue une linguiste de réputation mondiale. Elle joue en pensée avec une petite fille qui a été sa petite fille mais qui aujourd'hui n'est plus de ce monde (elle est morte petite fille d'une maladie grave et incurable, peut-être une leucémie, je ne me souviens plus). Elle nous dit que la naissance de sa fille avait été précédée peu de temps avant par un événement sensationnel : l'arrivée de véhicules extra-terrestres (il y en avait douze répartis aux quatre coins du globe). Parce qu'elle était déjà à l'époque une linguiste réputée, du moins aux USA, l'Armée américaine la charge d'entrer en contact avec ces aliens et de savoir leurs intentions, la raison de leur venue sur terre (le titre original anglais est Arrival, c'est à dire Arrivée).
Ces aliens se révèlent être d'imposants heptapodes (sorte d'énormes pieuvres à sept tentacules).
Louise Banks finit par établir un contact (si je me souviens bien : principalement mental) avec eux. Ces extraterrestres sont des êtres hyper-développés qui peuvent non seulement se déplacer d'une galaxie à une autre mais aussi évoluer dans l'échelle du temps (passé, présent, avenir). Ils ont donc une connaissance de notre possible futur, le possible futur de nous humains, le possible futur de notre planète. Ils sont donc venus nous prévenir que notre planète court un grand danger, marche vers la catastrophe (pouvant intervenir du fait d'une guerre mondiale Chine / États-Unis imminente). Ils donnent à Louise Banks le moyen d'éviter cette guerre en lui révélant un secret absolu concernant la vie intime ou la santé (j'avoue ne plus bien me souvenir) de la femme du Président chinois et le moyen de résoudre ce grave souci privé. Le Président chinois est subjugué par l'intervention de Louise Banks, lui en est excessivement reconnaissant et cela détend d'un coup le climat international et la paix est assurée pour longtemps entre les deux puissances mondiales. Parallèlement à ça, les heptapodes révèlent à Louise Banks qui, au moment de ce "premier contact", est encore célibataire qu'elle est sur le point de tomber amoureuse de l'homme (un scientifique ?) qui la seconde dans la prise de contact avec eux, qu'il en naîtra une fille, mais que malheureusement cette petite fille n'est pas appelée à vivre longtemps. Mais Louise Banks accepte l'avenir qui lui est réservé parce qu'elle veut connaître cette petite fille et que cette petite fille jouisse de la vie, même si brièvement. Donc, après que les deux super puissances de la planète ont signé un traité de paix international évitant tout risque de cataclysme mondial, les 12 vaisseaux extra-terrestres repartent vers ailleurs. Louise Banks vit l'amour et a la petite fille que les heptapodes lui avaient annoncés. Puis la petite fille meurt, comme annoncé également. Et Louise Banks se retrouve finalement comme montré au tout début du film : professeur d'université, linguiste de réputation mondiale, avec la tête et le coeur pleins du souvenir de sa petite fille décédée.

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le 10 déc. 2016

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Fleming

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