Le lexique du temps
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le 10 déc. 2016
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Premier Contact est d'abord un des films les plus crédibles que j'ai pu voir sur l’atterrissage (au premier sens du terme) d'une race extraterrestre. Point d'engagement belliqueux de la part des arrivants, aucune démonstration de force, ni de précipitation dans la volonté de prendre contact. Juste une douzaine de monolithes gigantesques se stabilisant silencieusement aux quatre coins du globe laissant la population terrienne entrer en ébullition. C'est visuellement très réussi.
Le choix ensuite de Villeneuve d'axer son scénario sur la question de la communication plutôt que sur celle de l'affrontement lui permet d'"évacuer" la question des "gros bras" habitués à sauver le monde au premier tentacule venu. Exit donc les Tom Cruise ou les Bruce Willis et place, comme dans Sicario, à la force de l'intuition féminine et aux neurones de Jeremy - Ian Donnely - Renner (pas particulièrement convaincant dans ce rôle d'ailleurs, j'y reviendrai)
La mise en scène, toute au service de cette approche non violente des aliens n'en n'est pas moins spectaculaire. Et l'originalité de la joute langagière qui se joue devant nos yeux est vraiment épatante.
Mais la force du film résidant précisément dans le mystère des heptapodes, on sent que la magie de la première heure s'étiole au fur et à mesure que la résolution de l'histoire tend vers un décodage de plus en plus efficace du langage des grosses pieuvres. Et lorsque la communication devient possible entre Terriens et aliens, on en vient presque à le regretter et pour ma part, je suis resté finalement plus séduit par l'étreinte finale mystérieuse des poulpes (déjà) dans ce petit film qu'est Monsters plutôt que par l'orientation certes spectaculaire, mais déjà vue, de la dernière partie du film de Villeneuve. Le plus surprenant n'étant pas que ces aliens puissent en définitive comprendre notre langage - ils ne sont pas nés de la dernière pluie (d'étoiles) - mais qu'ils semblent réagir émotionnellement de la même manière que les humains : curiosité, surprise, colère... Cet anthropomorphisme des émotions me semble particulièrement discutable.
Par ailleurs, le réalisateur canadien ne réussit pas à échapper à la tentation de placer ici et là des péripéties dramatiques - le militaire à la bombe notamment - qui sonnent faux dans un scénario globalement cohérent.
Cela étant dit, Premier Contact est un film beau et riche de sens, plus réussi à mon avis qu' Interstellar ou Inception sur la question du temps et plus profond que la plupart des films d'invasion alien (l'inégalable Stalker et le très troublant Under the skin mis à part).
A voir.
Scénario/histoire : 7/10
Personnages/interprétation : 6/10 (à mon avis la "faiblesse" principale du film. D'autant plus dommage qu'on perçoit de toute évidence que Villeneuve souhaite s'appuyer sur des personnages ayant une certaine profondeur. Sauf que sa direction d'acteur ne me semble pas toujours å la hauteur de ses ambitions : comportements stéréotypés pour certains, téléphonés pour d'autres....seule l'actrice principale tire ici son épingle du jeu, Jeremy Renner, ėternel brave type avec un train de retard semblant aussi artificiel dans son rôle que l'était Emily Blunt dans Sicario )
Mise en scène/réalisation : 9/10
7.5/10 +
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le 10 déc. 2016
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