If you could see your life from start to finish, would you change things?

Il est de ces films, trop rares de nos jours, qui nous estomaquent. C'est le mot le plus approprié pour décrire mon état à l'issue du visionnage de ce film au cinéma. Hagard, rêveur et dans un état second, j'ai mis près de 30 minutes à revenir à moi.
Au cinéma, un seul film m'avait jusque lors fait cet effet : Into The Wild, de Sean Penn, qui était un film certainement plus personnellement touchant que ne l'est Arrival.


Car Arrival l'est, touchant. Mais cela me semble plus général que personnel. Arrival est un film qui touche car il vient nous titiller sur des valeurs qui nous tiennent à cœur de façon universelle (enfin, j'ose l'espérer). Au delà du simple film de science fiction, il s'agit surtout d'un film qui parle du rapport à l'autre, à l'étranger, dans des temps bien troubles où la montée du populisme n'est plus simplement un souvenir des années 30. C'est également un film sur l'humanité, dans son ensemble. Un film sur l'humain, paradoxalement, alors que le sujet principal est l'extra-terrestre.


Mais, Denis Villeneuve, qui s'est spécialisé dans ces films parlant de l'humain, et ce depuis son tout premier film, ne déroge pas à son habitude. Il avait initié la chose de fort belle manière avec son tout premier film, que je recommande vivement, puis avec des films frappants comme Polytechnique, Prisoners ou bien Sicario, il avait axé son cinéma loin des conventions hollywoodienne qui consistent actuellement en un grand fracas d'explosions et d'histoires d'amour dégoulinantes. Il continue donc dans Arrival à se tenir loin de cela, avec un film de science fiction peu conventionnel et une histoire d'amour un peu particulière lorsque l'on apprend le dénouement final (dont on se doute finalement peu, tant conditionnés que nous sommes par notre perception du temps).


En parlant de ne pas déroger à son habitude, Villeneuve signe une fois de plus un très beau film (un petit regret tout de même que ce ne soit pas Deakins à la photo, lui qui avait sublimé Sicario), esthétiquement parlant. Les paysages sont époustouflants, les effets spéciaux sont très bien réussis (chose assez rare, surtout dans ce genre de films d'aliens où l'on est bien souvent confrontés à une surenchère de choses plus ridicules les unes que les autres.), les mouvements de caméra sont agréables et bien réfléchis. Le focus quasi constant sur les personnages permet de vraiment se concentrer sur leurs émotions, leurs réactions, leurs perceptions de ces êtres venus d'ailleurs.


Quant à la musique, elle vient sublimer un superbe film. Elle est belle, aérienne, bien composée et se mélange à merveille au film pour nous emmener dans un univers très onirique, là où bien souvent, dans les films de science fiction modernes, on a une musique épique et pas forcément appropriée (genre, je me suis refait Sunshine de Danny Boyle et Interstellar de Nolan le lendemain, et c'est clairement beaucoup moins prenant, beaucoup moins réfléchi, beaucoup moins aérien et "beau"). Un gros coup de cœur et une grosse découverte que Jóhann Jóhannsson, dont j'explore l’œuvre depuis le visionnage du film.


Il n'est pas possible de critiquer un film sans parler du casting et du jeu des acteurs.
Je ne connaissais pas Amy Adams, en tout cas pas dans un premier rôle, et j'ai été franchement convaincu par sa prestation devant la caméra. Elle joue bien, sans trop en faire, c'est très agréable et elle rentre dans le rôle à merveille. J'attendais Jeremy Renner au tournant (je n'ai vraiment pas été convaincu par son rôle de Hawkeye dans Avengers ...), et il est plaisant de voir qu'il est aussi très bon dans son rôle. Mention particulière à Forest Whitaker, qui fait partie pour moi des meilleurs acteurs Américains actuels.


Villeneuve signe donc un excellent film de science-fiction, et on souhaiterait voir plus de films de ce genre. Il sort des conventions, et s'en tire beaucoup mieux que Nolan quant au rapport au temps tel que nous le percevons et tel qu'il pourrait être conçu. Je retournerai très certainement le voir au cinéma, tant j'ai été conquis par la virtuosité globale de ce film, qui, je le souhaite (et n'en doute pas), deviendra un chef d’œuvre et une référence de la science fiction.


J'espère que ce film pourra aller chercher quelques Academy Awards dans quelques mois !

Créée

le 11 déc. 2016

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Captain Rackham

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